Chronique d’un soir sur un quinquennat de l’éducation

30 octobre 2016

Bloc-Notes, novembre 2016

Je viens de signer une pétition des “parents pour l’école” en vue de protéger nos enfants du rouleau compresseur d’une idéologie ayant pignon sur rue, au ministère de l’éducation où les ministres se succèdent. Tous ont le même objectif, celui de déstructurer tout projet éducatif enraciné dans le terreau judéo-chrétien pour engendrer un monde nouveau basé sur une idéologie rampante et sur un hobby à la mode et bien en cour. Aussi, vous me permettrez de vous partager convictions et constatations.

Il appartient aux parents d’éduquer leurs enfants, même s’ils délèguent à l’école une partie de cette éducation. Ils en gardent cependant la responsabilité première. Cette prérogative n’appartient pas à l’État, même s’il lui revient d’assurer la cohésion de la nation et du vivre ensemble à travers l’instruction obligatoire pour tous.

Or depuis quelques années, nous assistons à une dérive idéologique sans précédent, l’école s’arroge des droits qui ne sont pas les siens. Cette démarche idéologique s’introduit insidieusement avec pour ambition non plus d’éduquer, de former et d’accompagner les enfants et les jeunes sur le chemin de la vie, mais d’inculquer aux enfants dès leur plus jeune âge ce qu’il convient de penser. Cette démarche consiste non plus à instruire et à transmettre un savoir qui permettra à l’enfant de grandir, de déployer toutes les richesses de sa personnalité en vue de réaliser sa vocation et de trouver sa place au cœur de la société, mais à profiter de la malléabilité de l’enfant et de l’adolescent pour le rendre docile à l’endoctrinement idéologique en cours aujourd’hui.
Nous assistons à tous les niveaux de la société à une volonté de plus en plus explicite de «  déconstruire l’obscurantisme judéo-chrétien  ». Dès l’école primaire, «  il faut libérer les enfants de tous les stéréotypes du genre, les émanciper de toute emprise malsaine du religieux qui relève d’un passé révolu, les ouvrir au nouveau siècle des Lumières …  »  ; voilà le discours imposé par les pédagogistes de l’Education nationale. Refuser la pornographie n’a aucun sens si dans nos cours de récréation nos enfants de CM1, grâce aux téléphones portables, ont accès sans aucune réserve à des sites comme “You Porn” qui loin de les libérer “de l’obscurantisme lié au religieux”, les déstructure très profondément et les empêche de grandir au rythme de la vie humaine.

Nos ministres de l’éducation ne cessent de refonder l’école, l’un en mettant en place un socle commun de connaissances et de compétences nécessaires à apprendre au collège, socle qui relève non pas d’une loi, mais de la seule volonté du ministre agissant de sa seule autorité par décret, l’autre s’attaquant aux rythmes scolaires en déréglementant le rythme de l’enfant, là encore par décret  ! Enfin, la réforme du collège, ne risque-t-elle pas de déboucher sur une atrophie des connaissances transmises et à une disparité de plus en plus grande  ? Nombreux sont ceux qui se sont élevés contre l’ineptie de toutes ces réformes, mais personne n’a été écouté. Et lorsque le Saint-Père s’est permis de signaler la place dangereuse de la théorie du genre dans les manuels et livres proposés aux enfants et aux jeunes en France, la ministre a réagi de manière outrée en accusant le Saint-Père d’incompétence en ce domaine.

Personnellement, j’essaye humblement de me mettre à l’école de la pédagogie divine à travers toute la bible pour découvrir comment Dieu a éduqué son peuple et comment il l’a rejoint pour cheminer avec lui, le libérer de tous ses esclavages et lui montrer le chemin de la Vie. Il me semble que nous aurions besoin de pédagogues qui étudient la pédagogie divine en œuvre à travers toute l’histoire du salut, de patrologues qui nous montrent comment nos Pères dans la foi se sont mis à l‘école du Christ, vrai pédagogue, et enfin de pasteurs capables de mettre en œuvre dans nos écoles catholiques cette parole de Jésus dans l’Évangile : «  Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie  » (Jn 14, 6).

Alors nos écoles, dans la lumière du Christ, animées par la pédagogie divine, retrouveront tout leur dynamisme éducatif pour éduquer, former et accompagner les jeunes à l’aube de leur aventure humaine dans le Christ.


+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon