Depuis la conférence épiscopale

9 novembre 2013

Mot de l’évêque - RCF, 8 novembre 2013

Cette année, notre nouveau président Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille, nous a tout de suite mis dans la situation de notre conférence pour cette année, en nous rappelant les paroles du Pape François, qui nous recommande à nous, évêques, d’avoir une vie simple, personnellement et en Eglise, où « la pauvreté choisie prend toute sa place » (Pape François). Il nous invite à la compassion, à la charité, à la miséricorde. Il remet au centre de notre contemplation, le visage d’un Dieu qui s’est fait homme pour guérir et sauver, pour relever et embrasser, pour réconforter et panser les plaies diverses de la vie d’ici-bas.
Et ainsi, nous avons, en quelque sorte, l’orientation de notre conférence de cette année.

Nous avons essayé d’aborder un certain nombre d’éléments comme les suites de Diaconia 2013 ; nous avons eu un rapport sur Diaconia, puis des carrefours. Personnellement, je retiens de ces carrefours une orientation très profonde à déplacer les lignes de la solidarité à la fraternité ; car il semble bien que beaucoup des gens en situation de précarité qui ont participé à Diaconia, et que les évêques ont invités à participer aux conseils diocésains de solidarité, ont dit : « Non, nous on ne veut pas de solidarité. Nous, ce qu’on souhaite, c’est une vraie fraternité ».
Je pense que là, nous touchons quelque chose de très profond dans l’Eglise, puisque le mot de fraternité a été inventé par les premiers chrétiens ; on sait aujourd’hui qu’il n’existait pas dans la langue grecque et latine avant la naissance du christianisme, et que les plus pauvres, les gens en situation de précarité aujourd’hui, nous invitent, nous, en Eglise, à vivre une authentique fraternité. Ainsi, je pense que pour notre diocèse, ce sera important de réfléchir aux orientations du conseil de la solidarité, en fonction de cette idée d’une authentique fraternité dans chacune de nos paroisses, et dans nos mouvements.

Et puis, dans les différents groupes de recherche qui sont en place dans la conférence, nous avons abordé la question de la présence des chrétiens dans la société. Et c’est vrai que pour nous, c’est une véritable question : nous avons été amenés à demander beaucoup de services aux chrétiens laïcs au cœur de nos paroisses. Et de nombreux chrétiens se sont engagés. Mais peut-être est-ce au détriment de la véritable vocation des laïcs telle que Vatican II nous l’avait rappelé, c’est-à-dire, d’être présence du Christ dans le monde.
Aujourd’hui, on sent bien que l’Eglise n’est pas assez présente dans les grandes réalités de notre monde d’aujourd’hui : professionnelles, économiques, médiatiques, relationnelles, les différentes instances de la vie de notre société d’aujourd’hui. C’est une invitation à nous tous et à tous nos diocèses, à reprendre cette question vraiment sur le fond : Comment permettre aux chrétiens, aux baptisés, de témoigner de la force du Christ aujourd’hui, de l’Amour du Christ, de la miséricorde du Christ au cœur des grandes réalités d’aujourd’hui ?

Puis, nous avons réfléchi, grâce à l’intervention de Sylvie Goulard, une députée européenne, sur la présence des chrétiens dans l’Europe, et sur l’intérêt de l’Europe au cœur du projet de l’Evangile. Nous avons eu une intervention brillante et extrêmement intéressante qui nous interpelle pour voir comment l’Europe est une vraie réalité que nous ne pouvons contourner aujourd’hui, et qui nous invite à nous engager toujours plus profondément, pour construire l’Europe de demain, avec les enfants et les petits enfants de notre génération.

Nous avons eu aujourd’hui, un travail de réflexion sur les questions touchant à l’avortement dans la société des jeunes aujourd’hui. Là encore, nous avons eu l’intervention de Mme Caroline Roux de l’Alliance Vita qui nous a aidés à mieux cerner la manière dont les questions touchant à l’avortement sont abordées au cœur de notre société. Il est d’ailleurs étonnant que ce matin même, sur France Info, il y avait comme un matraquage qui continue, sur les questions touchant à l’importance de l’avortement dans les sociétés actuelles, au moment où nous-mêmes, nous essayons de réfléchir sur les conséquences de l’avortement sur la famille aujourd’hui et sur l’ensemble des femmes et des hommes de notre génération.

Nous allons continuer à travailler durant ces quelques jours qui nous restent. Nous avons un débat sur la formation des prêtres : quels prêtres voulons-nous pour nos églises de demain ? De quels prêtres avons-nous besoin dans le cadre de nos paroisses ? Il est étonnant de voir certaines communautés, comme la communauté Saint Martin, 31 jeunes sont entrés dans la communauté cette année- l’Emmanuel a plus de 20 jeunes également. Comment cela nous interpelle-t-il ? Quelle vie commune ?car il semble bien que ce soit un élément important du choix des jeunes aujourd’hui, ils ne veulent plus être seuls : ils veulent vivre une véritable communauté dans la prière, dans le partage. Comment est-ce que nous réfléchissons sur l’importance de ces orientations de fond pour les prêtres de demain ? Là encore, si nous avions la solution, ça se saurait ; mais nous avons, vraiment en Eglise, à prier, à réfléchir sur cette question des vocations.

Nous aurons également un débat assez long, je crois, sur la préparation au mariage, dans le cadre de la nouvelle évangélisation. Cela est encore une question importante, car, souvent, quand on reçoit des fiancés et qu’on leur demande : « Où vous en êtes par rapport à Dieu ? », la plupart du temps, ils répondent « … il doit y avoir quelque chose ». Mais, entre ce quelque chose et ce que nous voulons essayer de leur transmettre, la rencontre avec le Christ, il y a souvent un abîme immense. Nous devons réfléchir comment permettre à ces jeunes de cheminer vers la Lumière, de découvrir en quelque sorte ce Christ qui les rejoint pour leur donner son Amour et leur permettre de grandir sur le chemin de l’Amour.
Toutes ces questions sont des questions que nous essayons de prendre en réfléchissant au fond de tous ces problèmes, mais en même temps, nous aurons à les reprendre dans notre Eglise diocésaine dans les mois qui viennent. Ce sont des éléments importants : nous jetons un certain nombre de ponts et nous aurons à y travailler ensuite.

Bien sûr, nous avons également toutes les questions économiques liées à la vie de notre Eglise. En même temps, cela nous aide à prendre conscience de la crise économique dans laquelle nous sommes. Je pense que la situation de notre pays aujourd’hui nous a interpelés pour voir comment nous pouvons relire à la lumière de l’Evangile, la question du chômage, la question de la précarité qui se multiplie, et la question de la perte de confiance dans le politique aujourd’hui. Comment mieux être présent, dans la lumière de l’Evangile, aux réalités qui sont celles de notre pays aujourd’hui ?

(...)

Je voudrais terminer en étant plein d’espérance devant la manière dont les chrétiens aujourd’hui, témoignent de la vérité de l’Evangile aux quatre coins du monde et nous interpellent très profondément en Eglise aujourd’hui, avec, bien sûr, le Pape François qui nous montre une lumière pour accueillir toute réalité humaine, quelle qu’elle soit, tous les blessés de la vie, et pour leur permettre de nous dire et de nous montrer la lumière qu’il souhaite pour notre Église aujourd’hui.
Alors vraiment cette conférence épiscopale est pour moi un grand moment de grâce, et je souhaite que nous puissions continuer à approfondir toutes ces questions au cœur de notre Eglise diocésaine d’Avignon.