Il arrive, le petit !

9 décembre 2017

Bloc-Notes, décembre 2017

Nous commençons une nouvelle année liturgique, voici venu le temps de l’Avent. Pendant quatre semaines, l’Église nous invite à nous préparer à accueillir celui qui, une fois encore, vient naître au cœur de notre société d’aujourd’hui et dans le cœur de chacun pour faire sa demeure en nous tous.

Pour ma part, j’ai pris un grand panneau et j’y ai collé au centre un bout de crèche avec l’enfant Jésus les bras ouverts prêt à accueillir tous ceux qui viendront. Tout autour, je colle des photos, des images qui me parlent. Juste au-dessus de la crèche une image de la grande salle d’une maison de retraite avec de nombreuses personnes âgées, hommes et femmes qui sont là dans leur fauteuil roulant, ils sont là sans bouger, sans dire un mot, des regards vagues et lointains, ils n’attendent rien sinon la mort peut-être. A côté, la vue d’une rame de métro avec des gens le regard vide et triste qui ne portent aucune attention à leurs voisins  ; tout le monde se côtoie en s’ignorant. Sous la crèche, un bateau rempli de migrants qui est sur le point de sombrer dans l’immense cimetière qu’est devenu la méditerranée, des visages laissent cependant paraître l’angoisse de la mort qui approche. Un peu plus loin une image de Karakosh avec des maisons éventrées, une église dévastée avec une statue du Sacré-Cœur défiguré, mais dont le Cœur divin continue à laisser déborder les torrents de la miséricorde divine sur notre monde défiguré.

Entre les deux, un petit enfant qui laisse éclater sa joie, une joie d’enfant. La Vierge Marie semble le regarder et se réjouir de voir ce cœur d’enfant  ; elle voudrait que tous nous soyons cet enfant qui vit dans la confiance et la joie de savoir qu’il recevra de son Père du ciel tout ce dont il aura besoin, comme elle. Une autre photo est prise dans un centre de personnes atteintes de handicap et prend aux tripes devant tant de souffrances : Mais pourquoi Seigneur cette création défigurée, ces innocents qui traversent la vie avec un tel handicap  !

Au deux bouts du panneau, deux petites icônes, sur la première Jésus est à table avec tous les paumés de la terre, avec tous ceux qui sont rejetés de tous et sa joie rayonne. Il est venu sauver tous les blessés de la vie. Sur la seconde icône une croix apparaît dans le lointain, car l’enfant de la crèche le sait bien, il faudra qu’il soit élevé de terre pour nous attirer tous à lui. Saint Joseph est là sur cette icône car sa mission de charpentier sera de préparer l’enfant à sa mission et lui-même semble déjà préparer la croix...

Je n’ai pu résister à mettre également la photo de la crèche que les lycéens de Carpentras m’avaient fait il y a bien des années, un jour où je leur avais demandé de sortir des sentiers battus. Il y avait un énorme sac poubelle de 200 litres rempli de cochonneries nauséabondes et au bord du sac des photos de tous les lycéens de l’époque et la mienne également avec un petit carton collé sur le sac : «  Toi l’enfant Dieu, vient naître là où nous ne t’avons pas encore accueilli  !  »

Il nous reste quatre semaines pour ouvrir nos cœurs et lui dire : «  Viens, viens naître en moi  !  » Il ne vous demande rien, il n’y a pas à jeûner, à faire l’aumône, à faire une retraite, non rien de tout cela sinon un cri du cœur pour lui dire viens  ! Oui, ouvrez vos cœurs et il vous comblera de ses merveilles divines bien au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer.
Ne passez pas à côté de la grâce de Noël. La crèche fait vraiment partie de la fête de Noël partout en Provence et ce n’est pas pour rien, car les Provençaux le savent bien dans la nuit de Noël le petit, il n’arrête pas de faire des merveilles. Tout d’un coup, le cœur des gens est complètement transformé, on se reconnaît plus tellement notre cœur est rempli de l’amour du petit. Et les gens changent de comportement, ils se saluent, ils se parlent et même ils sont prêts à se rendre service les uns aux autres. Il y en a même qui se trompent en mettant la table pour Noël, ils mettent des assiettes en plus et ainsi ils pourront inviter quelque voisin ou personne seule à partager la fête de la naissance du petit.

Il paraît même que sur la place de l’horloge à Avignon, on pourra danser ensemble sur la patinoire pour briser la glace et fêter ensemble l’incroyable nouvelle de la naissance du petit, même place de l’horloge aux douze coups de minuit le petit il viendra faire des merveilles dans tous les cœurs  !

 Bon Noël à tous  !

 + Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon