Il te faut naître de nouveau... cf Jn 3, 3

15 février 2003

Voilà Nicodème, il vient trouver Jésus qui lui dit : “Amen, amen, je te le dis : personne à moins de renaître ne peut voir le règne de Dieu”. Nicodème est un maître en Israël, mais il ne comprend pas ce que Jésus essaye de lui dire : “Il te faut naître de nouveau !”

Et pourtant, Jésus insiste : “Amen, amen, je te le dis, personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu !”. Nous sommes là au cœur du mystère chrétien, au cœur de notre vie chrétienne : il nous faut naître de nouveau. Par l’eau et par l’Esprit, par le baptême, Dieu, non seulement nous donne de naître de nouveau, mais de naître à sa propre vie divine pour ne faire plus qu’un avec lui : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi” (Cal 2, 20), “Pour moi, vivre, c’est le Christ !” (Ph 1, 21). Oui, “à ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu” (In 1, 12). Le jour de mon baptême, je suis devenu enfant de Dieu ! Quel mystère ! Ce jour-là, Dieu a commencé par me donner trois cadeaux pour que je puisse devenir enfant de Dieu et donc participer à sa propre vie divine, poser des actes divins comme les siens.

Dans mon intelligence, il a déposé une petite greffe de vie divine, la foi, pour que je puisse le connaître vraiment. Cette petite greffe vient surélever mon intelligence pour me permettre de découvrir Dieu. Par la foi, je peux voir Dieu, le toucher, entrer en contact avec lui et laisser sa puissance divine me transformer. À Jéricho, aux portes de la terre promise, aux portes de l’intimité divine, Jésus n’a-t-il pas demandé à Bartimée “Que veux-tu que je fasse pour toi ?” et celui-ci lui avait répondu : “Maître, que je voie” “Va, ta foi t’a sauvé”. Aussitôt, il recouvra la vue et il suivit Jésus sur le chemin, le chemin de Jérusalem, le chemin de la terre promise (cf. Mc 10, 51-52). La femme atteinte de pertes de sang depuis douze ans voudrait, elle aussi, témoigner (cf. Mc 5, 25-34) ; elle avait entendu parler de Jésus, la foi était née dans son cœur et avec elle le désir de toucher Jésus et le miracle s’était produit, cette femme avait été libérée de son mal. En grec le mot signifie même le fouet qui permet de garder les esclaves. Oui, le contact avec Jésus vient nous libérer de tous nos esclavages.

Au jour de mon baptême, dans mes capacités d’aimer, ma volonté, Dieu a déposé une deuxième petite greffe de vie divine, l’amour de charité, celle-ci vient surélever mes capacités d’aimer pour que je puisse l’aimer et aimer mes frères divinement, avec son propre amour divin dans mon cœur En effet, comment voulez-vous sans ce don pouvoir répondre au seul commandement laissé par Jésus : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés !” Ainsi, dans la foi animée par l’amour de charité, je vais pouvoir m’unir à lui, ne faire plus qu’un avec lui. Je vais pouvoir aimer mes frères et sœurs d’un amour plus grand que celui qui m’habite, les aimer avec l’amour même de Dieu.

Enfin, dans ma mémoire, Dieu a déposé une troisième petite greffe de vie divine qui vient surélever ma mémoire pour que, malgré toutes les difficultés de la vie, je puisse marcher sur le chemin de la vie et de l’union à Dieu qui seule donnera son sens à ma vie d’homme.

Pour comprendre l’importance de ces trois cadeaux que Dieu m’a fait au jour de mon baptême, nous pouvons prendre l’image d’une maman qui apercevrait son enfant par terre dans la boue, elle se précipiterait pour le prendre dans ses bras et le serrer sur son cœur. Cela, Dieu, dans sa tendresse pour nous, l’a fait au jour de notre baptême. Sainte Thérèse de l’Enfant jésus, citant Isaïe, nous le rappelle : “Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous caresserai sur mes genoux.”. Et elle ajoute : “Après un pareil langage, il n’y a plus qu’à se taire !

Alors, après m’avoir ainsi comblé de ces trois petites greffes de vie divine, Dieu peut réaliser sa promesse et Jésus me rappeler ses paroles : “Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon père l’aimera et nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure.” (Jn 14, 23). L’Esprit Saint vient alors faire sa demeure en nous pour nous aider à entrer dans l’intimité avec le Fils et ainsi nous unir au Père comme des enfants bien-aimés que nous sommes vraiment devenus.

Dieu vient faire sa demeure en nous ! Et toute notre vie prend son sens : entrer dans ce mystère de la vie baptismale qui nous unit à Dieu. La vie baptismale est la grande aventure de notre vie chrétienne. Elle a commencé au jour de notre baptême, mais elle ne déploiera tout son dynamisme qu’au fil des ans et à la mesure où nous nous laisserons conduire par l’Esprit Saint. Tous les autres sacrements vont trouver leur place dans le déploiement de notre vie baptismale, de notre vie d’enfant de Dieu. Cette vie, elle va devoir grandir et se développer ; au jour du baptême, elle est encore très fragile, nous sommes alors comme un nouveau-né qui a besoin d’être entouré de tout l’amour de sa maman et de son papa, qui a besoin de se nourrir et l’Eucharistie nous sera donnée pour nourrir la vie divine en nous et lui permettre de déployer toutes ses virtualités. Les petites greffes de vie divine vont devoir elles aussi se développer et grandir, la foi devra devenir une réalité quotidienne qui illuminera nos vies, l’amour de charité pourra devenir la grande lumière qui transfigurera nos vies et l’espérance nous donnera de marcher sur le chemin de la plénitude de la Vie. La confirmation permettra à l’Esprit Saint de nous donner ses dons pour qu’il puisse ensuite agir en nous avec tout son dynamisme divin pour venir au secours de notre faiblesse et nous permettre de réaliser notre vocation d’homme et de chrétien.

Mais en plus, et cela est merveilleux, la vie baptismale n’est pas une réalité qui me laisserait seul avec mon Dieu : elle me livre à mes frères, me rend solidaire d’eux pour qu’ensemble nous devenions le Corps du Christ, mais nous reviendrons sur cet autre aspect de la grâce baptismale.

Pour finir, comment ne pas se rappeler les paroles de Jésus à Zachée, il continue à nous les dire à tous et à chacun : “Aujourd’hui, il me faut demeurer chez toi !

+ Jean-Pierre CATTENOZ
15 février 2003

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