La vie et la mission des laïcs chrétiens aujourd’hui

11 novembre 2011

Mot de l’évêque - EDA n°73

Vingt ans après le Concile Vatican II, en 1985, le pape Jean-Paul II convoque un synode pour réfléchir sur la réalité de la vie laïque au coeur de l’Église et du monde. Deux ans après le synode, le pape publie une exhortation post-synodale « La vocation et la mission des fidèles laïcs, dans l’Eglise et dans le monde ». Cette exhortation est un texte majeur pour éclairer la vie et la mission des laïcs chrétiens aujourd’hui dans la lumière du Concile.

Jean-Paul II s’y interroge sur la nature même de la mission des laïcs. Il rappelle l’égalité fondamentale de tous les baptisés : commune est notre dignité de par notre régénération dans le Christ, commune est notre grâce d’adoption, commune est notre vocation à la perfection. Il n’y a qu’une seule foi, une seule espérance, un seul amour de charité. En fonction de cette commune dignité baptismale, le fidèle laïc est co-responsable, avec tous les ministres ordonnés et avec les religieux et religieuses de la mission de l’Église.

Puis il poursuit en soulignant comment cette dignité baptismale commune revêt chez les fidèles laïcs une modalité qui le distingue : le caractère séculier est le caractère propre et particulier des laïcs. Pour saisir de façon complète la condition ecclésiale du fidèle laïc, il faut creuser la réalité du caractère séculier inhérent à la nature intime et à la mission de l’Église.

Dans le concret, les fidèles laïcs vivent au coeur
du monde, ils sont engagés dans toutes les réalités de la vie du monde,
dans les conditions ordinaires de la vie professionnelle, familiale et
sociale dont leur existence est comme tissée. Ils vivent une vie
ordinaire dans le monde, étudient, travaillent, créent des rapports
amicaux, sociaux, professionnels, culturels. Cette vie dans le monde est
le lieu même de leur vocation ; ils sont appelés à être présence
rayonnante du Christ au coeur du monde. Ils trouveront le sens même de leur vocation de laïcs au coeur
même des réalités de leur vie quotidienne à condition de les
transfigurer, de les habiter de la présence et de la lumière du Christ.

Jésus lui-même leur a montré le chemin, il a voulu vivre cette
solidarité humaine, il a sanctifié les liens humains de la famille et de
la vie sociale ; il s’est soumis aux lois de sa patrie. Il a voulu
mener la vie d’un artisan de son temps et de sa région.

Le « monde » est
ainsi le lieu et le moyen de la vocation chrétienne des fidèles laïcs.
Dès lors le sens propre et particulier de l’appel de Dieu adressé aux
fidèles laïcs est le suivant : ils sont appelés par Dieu à travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en exerçant leurs propres charges sous la conduite de l’esprit évangélique, et pour manifester le Christ aux autres avant tout par le témoignage de leur vie rayonnante de foi, d’espérance et de charité. Ainsi, Dieu leur donne la vocation particulière de chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils transfigurent de la lumière même du Christ. Dieu a confié le monde aux hommes et aux femmes, pour qu’ils participent à l’oeuvre de la création, qu’ils libèrent la création elle-même de l’influence du péché et qu’ils se sanctifient dans le mariage ou le célibat, dans la famille, dans la profession et dans les différentes activités sociales. La condition ecclésiale des laïcs est définie dans sa racine à partir de la nouveauté chrétienne mise en oeuvre au coeur du monde d’aujourd’hui.

Les images évangéliques du sel, de la lumière et du levain sont des images merveilleusement significatives, non seulement parce qu’elles traduisent l’insertion profonde des laïcs dans le monde, dans la communauté humaine, mais surtout parce qu’elles traduisent une insertion et une participation destinée au rayonnement de l’Évangile du salut.

Dans cette lumière que le Concile nous a rappelée, nous comprenons mieux la grandeur et le dynamisme de la vocation à la sainteté des laïcs au coeur de l’Église et du monde. D’autres aspects de leur vocation seront encore à creuser ; je voulais seulement aujourd’hui souligner la dimension première de la vocation des laïcs.

Jean-Pierre Cattenoz