Le Mot de l’Evêque

13 mai 2014

Mot de l’évêque - RCF, 9 mai 2014

L’Eglise est vivante et depuis la période où Mgr Bouchex a créé les conseils pastoraux de paroisse, bien des choses se sont passées dans l’Eglise, notamment, les grands pontificats de Jean Paul II et Benoît XVI, et l’arrivée du Pape François, avec sa dernière lettre sur la joie de l’Evangile, lettre quasiment post-synodale ; ce texte, comme l’a dit le pape, est un texte d’orientation pour les années qui viennent. À partir de cela, j’ai demandé au conseil presbytéral, de réfléchir sur une actualisation des statuts des conseils pastoraux, en fonction de ce que vit l’Eglise aujourd’hui.

A l’occasion des commémorations du 8 mai 1945, j’ai entendu parler d’un faire mémoire de toutes les victimes de cette guerre horrible, mais il s’agit en réalité d’une mémoire morte. En parallèle, je voulais rappeler que nous avons vécu le 27 avril dernier, la canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II. En entendant les discours et la marseillaise pour les commémorations du 8 mai, je me disais qu’une des grandes lumières du pontificat de Jean XXIII, c’est la paix ; on avait dit de ce pape, à son arrivée, qu’il serait un pape de transition…il l’a été, comme cette anecdote le raconte : un jour, réuni avec des cardinaux, il resta seul avec le secrétaire à la fin de la rencontre et, le pape Jean trouvant que la pièce sentait un peu le renfermé, alla ouvrir la fenêtre et dit : « l’Eglise a besoin d’un peu d’air frais ! »…et ça a été le concile Vatican II, donc l’immense transition entre les conciles précédents, tout ce qu’avait vécu l’Eglise et une nouvelle période qui s’ouvrait pour elle. Donc un pontificat qui ouvrait l’Eglise à toutes les grandes réalités du monde.

Et puis il y a eu le pontificat de Jean-Paul II qui lui, a été marqué par la miséricorde ; cet homme qui nous arrivait des pays de l’est, a été celui qui nous a montré la lumière de la miséricorde. Et donc, ce 27 avril, nous avons vécu les événements de canonisation, avec les fêtes de Pâques en arrière-plan où on fête le Ressuscité, le Vivant, avec ses premiers mots de Ressuscité « la Paix soit avec vous ». Aujourd’hui, nous les chrétiens, nous sommes en avance par rapport à ce que vit le monde qui nous entoure, car nous devons être des témoins d’une paix véritable. Il se trouve que lors des commémorations du 8 mai, je n’ai pas entendu parler de tous les conflits qui déchirent notre planète, comme s’ils n’existaient pas et qu’on se contentait de faire mémoire de ceux qui ont disparus, dans une mémoire absolument civile, alors qu’on a lu une lettre du général De Lattre de Tassigny qui parlait de la rédemption de la France et de l’âme de ceux qui avaient donné leur vie ; il semblait qu’on retrouvait à travers des textes comme cela, les racines chrétiennes de la France et de l’Europe. Aujourd’hui, l’Eglise devrait parler plus fort de toute cette dimension de paix qu’elle vient apporter au monde : une paix entre les hommes, une paix de l’homme avec lui-même, et une paix de l’homme avec la création.

Une jeune femme de Carpentras est partie au Tchad pour 1 an ou 2. Elle nous a fait une demande d’aide pour un camp de réfugiés de 12 000 jeunes Centrafricains, au nord de Centrafrique, au sud du Tchad, une demande très concrète : envoyer un ordinateur, une imprimante et payer quelques tentes, alors que la saison des pluies approche. Et je suis bouleversé, parce que je l’ai dit le Jeudi-Saint, publié sur le site du diocèse et dans la revue diocésaine, et il n’y a eu aucune réponse ; personne n’a réagi, parce que, finalement, du moment que la misère et la guerre se passent loin de chez nous, nous sommes devenus complètement indépendants à ce qui se passe. C’est étonnant de voir que bien sûr, on regarde ce qui se passe à Kiev et dans les pays de l’Est car ça commence à toucher à l’Europe, mais pour ce qui se passe à l’autre bout du monde, qu’il y ait 250 lycéennes qui soient enlevées, vendues comme esclaves ou violées, cela ne semble guère nous intéresser, même si les gouvernants font de grandes déclarations publiques, mais sans aucune suite.

Est-ce que le Seigneur un jour, ne nous dira pas : « Tu as vécu dans ton monde matérialiste occidental, mais le monde est un grand village et qu’est-ce que tu as fait pour ceux qui vivaient dans ce village, dans ton quartier ? » La mémoire du 8 mai 1945 avec 6 millions de juifs qui ont été assassinés dans des conditions atroces, toutes les victimes de ces guerres auraient dû aiguiser notre sens de la paix. Regardons aussi la violence qui déchire nos cités, nos hommes politiques. On va avoir des élections européennes : c’est important l’Europe ! Je me souviens : jeune lycéen, on a été les premiers, au collège et au lycée, à lancer des groupes d’amitié franco-allemande dans les années 52-56. Mon premier voyage en Allemagne fut une véritable joie, de voir s’arrêter ce conflit et de voir la paix s’installer en Europe, grâce aux hommes qui ont créé l’Europe. Alors qu’on a vécu de 1945 à nos jours, dans une paix quasi relative en Europe grâce aux hommes qui ont voulu la communauté européenne, aujourd’hui on semble s’en désintéresser complètement. Il semble qu’il faudrait un conflit pour qu’on s’aperçoive vraiment que la paix est une valeur d’une richesse inouïe et qu’elle est présente dans l’Evangile. Le Ressuscité nous la proclame sans cesse, mais on semble être un peu sourds d’oreille !

Pour les changements qui semblent se dessiner par les futures élections européennes, je n’ai aucune crainte. Pour moi, pourrais-je dire avec un peu d’humour, le monde, ce ne sont pas les hommes politiques qui le dirigent, c’est l’Esprit Saint et les Saints. Faisons confiance et en même temps, allons voter, sinon qui sera représentatif de notre pays ? Il faut aujourd’hui, montrer la richesse de l’Europe, l’importance de développer l’Europe, pas seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan culturel, humain, relationnel. Intéressons-nous au vote qui nous est proposé en vue d’un parlement européen qui aura certainement de grandes orientations à prendre dans les années qui viennent.


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