Le Mot de l’Evêque

8 juillet 2014

Mot de l’évêque - RCF, 27 juin 2014

Les prêtres prennent peu de vacances pendant l’été. Généralement ils restent sur place car la période des vacances est une grande période d’accueil des estivants qui viennent en grand nombre dans le Vaucluse. Certaines paroisses voient leur population multiplier par 2 ou 3 ; c’est un moment important pour les prêtres pour pouvoir faire une première annonce de l’Evangile, pour pouvoir rencontrer toutes ces familles qui viennent passer des vacances en Vaucluse. Il est possible ainsi d’évangéliser en cette période de vacances durant laquelle les gens sont habituellement plus disponibles pour réfléchir sur l’essentiel, sur des choses importantes de la vie. Je pense que les curés ont tout à fait conscience de ce ministère d’été qui prend une place importante dans la vie de notre Eglise diocésaine.
Ainsi, je souhaiterais que dans nos paroisses, nous puissions accompagner les vacanciers par des propositions leur permettant de profiter de ce temps pour se remettre en vérité devant le Seigneur. Je pense aussi au festival d’Avignon, qui j’espère aura lieu dans quelques jours : lui aussi est un lieu important d’évangélisation.
Je souhaite également que tous ceux qui travailleront à l’accueil des estivants, puissent aussi profiter du temps des vacances pour grandir dans la foi.

Le temps des vacances devrait aussi être un temps où on s’arrête pour réfléchir, y compris au niveau de la société. L’euthanasie est un énorme sujet d’actualité. Le gouvernement, depuis son arrivée au pouvoir, est en train de continuer à ouvrir les valises à double fond, car il y a eu l’avortement, le mariage pour tous, et maintenant une autre étape : le changement de vision de la mort dans notre société. La question majeure est : Sommes-nous maîtres de la vie et de la mort ?
Je repense à cette phrase de Léon Bloy : « L’homme est homme de l’utérus jusqu’au sépulcre ». Jean-Paul II dans l’encyclique « L’Evangile de la vie », avait dénoncé l’avortement à cette époque-là, en montrant comment la société agit : elle commence par changer le vocabulaire ; puis une fois que le vocabulaire changé est passé dans les mœurs, on dépénalise la réalité des choses. On ne parlait plus d’atteinte à la vie, de tuer des fœtus, mais d’interruption volontaire de grossesse. De même, l’euthanasie ce n’est plus mettre à mort des personnes âgées en fin de vie, c’est devenu le droit à mourir dans la dignité. On porte ainsi atteinte à un des fondements de l’anthropologie : la vie ne nous appartient pas ; elle nous appartient dans la mesure où nous en sommes maîtres, alors, nous devons favoriser les soins de fin de vie, mais porter atteinte à la vie en mettant à mort, cela ne peut appartenir à l’homme, et encore moins à la société. Au regard des cas de l’actualité, je crois que la société va accepter l’euthanasie, mais on sent bien, qu’à force de faire sauter les repères essentiels de toute anthropologie, nous risquons une société et un monde déboussolés.

Nous devrions prendre le temps, pendant ces vacances, de réfléchir au sens de notre vie : quel est le sens de l’homme ? Quelle est sa vocation ? Sommes-nous les maîtres de la vie et de la mort ? Ou y a-t-il Dieu qui dirige le sens de notre vie ?

Les répercussions d’une société qui ne sait plus où elle en est, sont multiples : les grèves récentes sont un exemple. Les causes de ces grèves sont défendables, mais notre société n’a plus les moyens de vivre comme avant, sans réfléchir au bien commun, car chacun défend ses intérêts sans regarder au bien commun .De plus, dans notre monde occidental, nous sommes des nantis qui ignorons complètement et volontairement, les pays pauvres, les pays du sud par exemple. Et là nous serons redevables devant Dieu de la manière dont nous gérons la planète.

Les vacances devraient être pour tous et pour tous les chrétiens spécialement, un temps de réflexion sur l’essentiel, une période où la prière doit retrouver une véritable place, où la lecture de la Parole de Dieu, pour prendre du temps pour se recentrer sur l’essentiel. Souvent dans la vie quotidienne, on est pris par toutes nos activités et on a peu de temps pour réfléchir à des sujets de fond ; la période des vacances devraient pouvoir nous remettre en face de l’essentiel, du sens de ma vie, de la manière dont je l’oriente.

Le temps de vacances peut être également l’occasion d’un temps de retraite. Il y a des retraites par internet, des retraites de Paray le Monial avec la Communauté de l’Emmanuel, il y a les sessions des Béatitudes et d’une multitude de communautés qui profitent des vacances pour proposer aux uns et aux autres, pendant quelques jours, un véritable temps de retraite avec des temps d’enseignement, de formation, d’adoration. On devrait tous profiter de ces opportunités de formation ou de prière ou de retraite, durant ces prochaines vacances.

Pour les enfants du catéchisme, une des difficultés majeure que nous avons, c’est qu’habituellement, tout le monde croit que pendant les vacances, Dieu se met en vacances, et les enfants eux aussi alors se mettent en vacances de Dieu. Là nous sommes en pleine contradiction, car le Seigneur Dieu est toujours présent et Il accompagne notre vie à chaque instant.

Il faudrait redécouvrir pendant les vacances, la présence de Celui qui vit au plus profond de nous-mêmes, et qui n’a qu’un désir, celui de nous révéler son Amour pour nous permettre de mener une vie pleinement humaine dans toutes les dimensions de notre vocation d’homme, vocation divine à entrer dans l’intimité même de Dieu dès maintenant.

Bonnes vacances à tous et à toutes !