Mot de l’évêque

4 mars 2016

RCF, 4 mars 2016

Béatification du Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus :
(entretien réalisé peu avant l’annonce officielle de la béatification du Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus)

Quand quelqu’un meurt en laissant une réputation de sainteté qui se déploie dans le peuple chrétien, l’Église commence par regarder, par écouter. Et lorsque des chrétiens sont touchés par celui qui vient de mourir ou qui est mort depuis quelques années, ils disent toutes les grâces qu’ils reçoivent par l’intermédiaire de telle ou telle personne ; ils en parlent autour d’eux et souvent, on commence tout simplement par une prière où on demande d’intercéder auprès de telle personne pour demander des grâces auprès du Seigneur ; l’évêque local peut valider une telle prière. Et toutes les grâces qui peuvent être données sont enregistrées par l’Église.

Très rapidement, lorsqu’on ouvre officiellement un procès en béatification, l’Église commence à nommer un vice-postulateur et un postulateur ; le postulateur est celui qui va devoir travailler à préparer le dossier diocésain du procès en béatification.
Pour le Père Marie-Eugène, carme mais décédé dans le diocèse d’Avignon, son procès diocésain a eu lieu ici dans notre diocèse, et le postulateur était le postulateur général des Carmes ; mais à l’époque, qui était celle de Jean-Paul II, il y avait tellement de béatifications que le postulateur des Carmes, le Père Siméon, était très pris, et on a donc nommé un vice-postulateur ; c’était le Père Louis Minvielle, prêtre de Notre-Dame de Vie qui a été chargé de commencer, avec le Père Siméon. Le dossier a été ouvert par Mgr Raymond Bouchex avec Mgr Amourier qui a vite été nommé délégué épiscopal ; il a accompagné le Père Minvielle et tous les membres de l’Institut.

La première étape est de rassembler tout ce que celui qui « est mort en odeur de sainteté » a pu écrire, dire, ainsi que tous les témoignages le concernant. C’est une sorte de collecte de tout ce que l’on sait sur la personne. Comme le Père Marie-Eugène avait beaucoup écrit, parlé et rencontré de par le monde entier, il a fallu faire un travail énorme pour rassembler l’ensemble de ses écrits, l’ensemble des témoignages le concernant. Cela a demandé plusieurs années. La cause a été introduite officiellement entre 1984 et 1987. C’est seulement en 2000 que le procès diocésain a été clôturé et que l’ensemble des ouvrages contenant tous les documents rassemblés ainsi que les premières analyses des théologiens ont été transmis à la congrégation du culte divin à Rome.

A partir de là, la cause était en attente. Je me rappelle très bien qu’en juillet 2000, on nous avait dit qu’étant données toutes les causes en attente, le dossier du Père Marie-Eugène ne viendrait pas à l’étude avant 2010/2011. Ce fut effectivement le cas. A été préparé alors la « positio », une sorte de résumé de l’ensemble des volumes déposés à Rome. Cette positio a donc été analysée de nouveau. Quand tout fut prêt, on fut alors dans l’attente d’un miracle. Pour toute béatification, il faut qu’un miracle soit reconnu officiellement par l’Église. Quand un miracle est déposé à la congrégation pour la cause des saints, celle-ci, au vue du dossier, lève une « consulta », réunion d’experts qui ont pour mission d’analyser le miracle et de donner une réponse soit positive soit négative, en disant par exemple que tel miracle dépasse toutes les connaissances scientifiques d’aujourd’hui . Une fois que les médecins se sont prononcés, les théologiens reprennent leur compte-rendu pour le valider ; ensuite, le dossier est transmis à la « plenaria » de la congrégation : tous les cardinaux de la congrégation se réunissent pour regarder les dossiers qui arrivent en terme d’études. Et quand la plenaria de tous les cardinaux s’est réunie, elle transmet le dossier au Saint Père, à qui il revient de donner sa validité, et il donne alors son accord pour une béatification.
Actuellement, pour le Père Marie-Eugène, nous attendons la réunion de la plenaria. Après cela nous attendrons la décision du Saint Père. Il ne s’agit pas du tout de vouloir la précéder .

Une béatification, cela veut dire que Dieu décide de donner en modèle à l’Église quelqu’un qui a une vision spirituelle qui est importante pour l’Église d’aujourd’hui. Le Père Marie-Eugène disait lui-même : « Les saints béatifiés ou canonisés sortent sur le balcon du Paradis. » Dieu les montre en exemple parce qu’Il veut nous dire quelque chose à travers eux.
On verra bien si le Saint Père décide la béatification du Père Marie-Eugène ; mais, à ce moment-là, nous en reparlerons. Pour l’instant il manquait un élément qui était la reconnaissance des restes mortels du Père Marie-Eugène. J’avais reçu de la congrégation une demande pour la reconnaissance officielle ; il a fallu créer une commission épiscopale et c’est celle-ci qui s’est réunie pour établir le communiqué que j’ai lu la semaine dernière.
C’est une grâce pour notre Eglise et nous attendons sereinement la décision du Saint Père.

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