Nous devons nous aimer les uns les autres

janvier 2004

Pierre et Jean viennent d’être relâchés, immédiatement ils regagnent la communauté et racontent dans le détail tout ce qui vient de leur arriver. Après les avoir écoutés, tous unanimes se mettent en prière.

Les Actes ne cessent de souligner cette unanimité de la première communauté. Cette insistance n’est pas sans importance pour nous aujourd’hui. Depuis des mois, il n’est pas de semaine sans que je reçoive des lettres de chrétiens mécontents de leur nouveau pasteur et récriminant contre les changements en des termes souvent peu charitables. Je ne peux m’empêcher de penser à la réaction de Paul au début de la première lettre aux Corinthiens : “Qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous ; soyez bien unis dans un même esprit et dans une même pensée. En effet, mes frères, les gens de Chloé m’ont appris qu’il y a des discordes parmi vous. Je m’explique : chacun de vous parle ainsi : “Moi j’appartiens à Paul. - Moi à Apollos. - Moi à Céphas. - Moi à Christ.” Le Christ est-il divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ?” (1 Co 1, 10-13) Cette situation que Paul dénonce, nous devons la dénoncer encore aujourd’hui. Nul n’appartient à Monsieur l’Abbé X ou au Père Y, ce n’est pas en leur nom que nous avons été baptisés. Tous nous avons été baptisés en Christ et il est, lui, le fondement de notre unité. Et en son nom, nous devons vivre dans l’unité et non nous déchirer les uns les autres.

Dans la lumière de la grâce de Noël, la liturgie nous a donné de relire la première lettre de Saint Jean, comme si le rayonnement de l’Amour divin dans nos vies était la première conséquence du mystère de Noël. Et l’apôtre nous conduit jusqu’aux sources de l’Amour : “Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu et ils connaissent Dieu. Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu car Dieu est amour [...]. Mes bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aimer les uns les autres.” Si vous voulez vérifier l’amour que vous avez pour Dieu, regardez l’amour que vous avez les uns pour les autres !

Nous devons sans cesse mendier cet amour qui ne peut être qu’un don de Dieu et nous devons nous méfier de tous les germes de divisions que nous portons chacun au plus profond de nous. Nos communautés chrétiennes ne peuvent s’enraciner dans une autre terre que celle de la charité et de la fraternité.

Mais revenons à la première communauté qui après avoir écouté le récit de Pierre et de Jean et pris conscience de toutes les menaces qui pèsent sur l’Église, se met en prière et sa prière, nous pouvons la faire nôtre aujourd’hui : “Maintenant, Seigneur, sois attentif à leurs menaces et accorde à tes serviteurs de dire ta Parole avec une entière assurance. Étends donc la main pour que se produisent des guérisons, des signes et des prodiges par le nom de Jésus, ton saint serviteur !” Par cette prière, nous demandons à Dieu qu’il nous donne pour aujourd’hui d’annoncer avec assurance la Parole, d’en être des témoins authentiques là où nous sommes. Par cette prière, nous demandons également que la main de Dieu soit également à l’ouvre au milieu de nous, car, nous le savons bien, nous ne sommes que les témoins de celui qui nous habite, Jésus notre Seigneur, le Seigneur de nos vies ! Il est lui notre Lumière, notre Force, notre Vie, il est tout pour nous.

Le résultat ne se fait pas attendre, les premiers frères vont vivre une nouvelle Pentecôte : “A la fin de leur prière, le local où ils se trouvaient réunis fut ébranlé ; ils furent tous remplis du Saint Esprit et disaient avec assurance la Parole de Dieu”.

Puissions-nous tous vivre en frères et être remplis de l’Esprit Saint pour pouvoir à notre tour dire avec assurance la Parole de Dieu ; il ne s’agit pas d’un privilège qui serait réservé aux prêtres et aux animateurs en pastorale, non, il s’agit de la grâce même de notre baptême. Nous avons été plongés dans le Christ, dans la puissance de son Esprit pour en être les témoins avec assurance au milieu du monde païen qui est le nôtre aujourd’hui.

Cette mission, nous ne pourrons la remplir qu’en étant tous unanimes, de l’unanimité de la charité, de cette charité qui a été répandu dans nos cours par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Cf. Rm 5, 5).

+ Jean-Pierre Cattenoz
Janvier 2004

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