Vivre d’amour dans la radicalité de l’Évangile

22 septembre 2014

Une nouvelle année commence, n’ayons pas peur de revisiter l’essentiel de notre vie chrétienne. Notre secret : la personne du Christ ; notre mission : parler aux hommes de Jésus, en témoigner par toute notre vie ! Comme je l’ai écrit dans ma lettre pastorale, les premiers mots de Jésus dans l’Évangile sont clairs : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15). Le programme est clair.

Aujourd’hui encore, Jésus pose sur nous son regard d’amour et nous invite à le suivre. Le regard divin et la Parole divine vont-ils transpercer notre cœur et opérer la rencontre qui viendra changer notre vie et y faire naître un amour, l’amour de Jésus ? Il nous faut choisir entre soi-même et Dieu, entre sauver sa vie ou la perdre pour l’Évangile. Jésus un jour appela la foule en même temps que ses disciples et il leur dit, il nous dit à tous : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera » (Mc 8, 34-35). Se décentrer de soi-même pour se laisser habiter par l’amour de Jésus, prendre sa croix c’est-à-dire, comme Jésus, vivre dans l’amour tout ce que nous avons à vivre au quotidien du soir au matin et du matin au soir. Enfin le suivre, car lui seul peut-être pour nous « le Chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6).

À cause du Christ, ma vie n’est plus la même, avec Paul je peux dire parce que je l’expérimente au quotidien : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20). Ce qui donne sens à ma vie, c’est mon union au Christ. Je me dois maintenant de vivre selon l’Évangile. Je dois revenir à la radicalité de l’Évangile vécue et prêchée par Jésus. Comme saint François, notre règle de vie « est d’observer le saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ » (Règle de 1223, n° 1). Ne théorisons pas, n’échafaudons pas de grandes idées pour que notre Église retrouve sa vitalité, mais revenons à l’Évangile et laissons-le pénétrer notre peau, notre vie la plus quotidienne. Ce retour à l’Évangile me conduit aux périphéries existentielles de ma vie. Il m’oblige à ouvrir mes yeux et mon cœur sur les hommes que je rencontre et que je côtoie quotidiennement. Ils sont des frères et nous sommes tous des pauvres que Jésus vient appeler. Je découvre les deux grandes lumières qui traversent l’Évangile : le commandement de l’amour à la manière de Jésus et la loi du service mutuel.

Avec Jésus, je découvre le chemin de l’humilité et de la simplicité : ne pas mépriser, ne pas juger, mais aimer et servir ; s’oublier et vivre pour le Seigneur. Je découvre la joie du don de soi, même si je dois sans cesse le renouveler, passer à l’acte et tout redonner ; il s’agit d’une bataille où je dois accepter à chaque instant de mourir pour vivre avec le Christ, dans sa lumière et dans la joie de l’Évangile. J’apprends à vivre en communion avec Matthieu le publicain, avec la femme adultère, avec Zachée et comme eux j’entends Jésus me dire : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs », « Moi non plus je ne te condamne pas, va et à l’avenir ne pèche plus », « Aujourd’hui, il me faut demeurer chez toi ». Une amitié se noue avec eux, une fraternité se forme, celle des pécheurs pardonnés, et l’eucharistie devient une convivialité de table semblable à celle que Jésus a vécu avec les publicains et les pécheurs.

Quelle joie de venir s’asseoir aux pieds du Maître et de se laisser enseigner par lui ! Quand je suis attentif à sa parole et l’accueille vraiment, alors elle prend vie en moi et j’expérimente ce que Jésus a dit autrefois à Pierre et aux disciples : « À vous qui êtes là autour de moi à écouter ma parole, le mystère du Royaume est donné » (cf. Mc 3, 31-35 et 4, 10-11). Une nouvelle famille prend corps sous mes yeux, celle de tous ceux qui écoutent sa parole et qui acceptent d’accueillir Jésus et de se laisser libérer par lui de tous les germes de mort qui habitent leur vie, comme le possédé de Gérasa, la femme qui perdait son sang et la petite fille de Jaïre qui était déjà morte, sans oublier les disciples effrayés dans la tempête avec la barque qui prend l’eau alors que Jésus dort. Ils le réveillent en criant : « Maître, nous périssons » ; mais ils n’ont rien à craindre, nous non plus, car dans la barque de l’Église, Jésus est toujours là, même s’il semble dormir. Un homme, une femme, une enfant, une nouvelle famille prend corps et ce sera l’Église, le Corps du Christ.

Devant les exigences de Jésus, je suis souvent pris de vertige et j’ai envie de tout laisser tomber, mais le lépreux, le centurion, et les disciples eux-mêmes sont là pour me conduire à m’identifier à eux pour dire à mon tour à Jésus : « Si tu le veux, tu peux me purifier ! », « Seigneur, je ne mérite pas que tu entres sous mon toit, mais dis seulement un mot et mon enfant sera guéri », « Au secours Seigneur, nous périssons ! » Avec eux, je comprends que Jésus prend sur lui mes maladies et se charge de mes infirmités. Sa miséricorde prend corps dans ma vie et sa joie m’envahit, la joie de se savoir pardonné et aimé. Cette joie je voudrais la partager, la crier à tous mes frères pour que notre Église d’Avignon retrouve en Jésus et dans l’Évangile toute sa vitalité. Nous sommes tous des pauvres, des blessés de la vie, des pécheurs, mais dans la lumière de la miséricorde et de l’amour de Jésus, nous expérimentons ce qu’est vraiment la fraternité en Christ. Tout est don, et tous nous pouvons dire avec joie : « Seigneur, Jésus, Christ, aie pitié du pécheur que je suis ! »


+ Jean-Pierre Cattenoz, Archevêque d’Avignon

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