Homélie de la messe chrismale

4 mai 2010

Mot de l’évêque - Eglise d’Avignon n°59 - Mai 2010

L’heure est venue pour Jésus de passer de ce monde vers son Père. Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin. L’heure est venue pour lui où, élevé de terre, il nous attire tous à lui. Il s’apprête à recevoir sa couronne de gloire, à être intronisé sur la Croix, lui le roi de l’univers, pour instaurer la civilisation de l’amour.
L’heure est venue, tout est prêt pour la Pâque, Il se lève de table, retire son vêtement et se met à laver les pieds de ses disciples. Lui, le Seigneur et le Maître, veut nous signifier que le premier fondement de la vie dans son Royaume est la loi du service mutuel ; heureux serons-nous si nous faisons de même. Puis, Il reprend sa place et solennellement nous livre le second fondement de la vie dans le Royaume : "Je vous donne un commandement nouveau : “vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés”. Mais alors, Seigneur, qui donc peut-être sauvé ?
Jésus le sait bien : "Aux hommes cela est impossible, mais tout est possible à Dieu". Alors, il prit le pain, il rendit grâce, le rompit et nous le donna en disant : "Ceci est mon corps donné pour vous ; faites cela en mémoire de moi." Il fit de même pour la coupe après le repas, en disant : "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang versé pour vous".
Nous voilà transportés au coeur du sacrifice de la Croix, nous participons à la nouvelle Alliance pour une nouvelle communion en son sang, dans le sang de Dieu.
Nous, pauvres pécheurs, condamnés à mort à cause de nos fautes, nous voilà au pied de la Croix à contempler le Prince de la vie, la source de l’Amour. Que faire, que dire ? Voici que la Miséricorde divine nous enveloppe, le sang de l’Agneau et mon propre sang ne font plus qu’un. Je n’ai plus qu’un désir : connaître le Christ, communier aux souffrances de sa passion pour reproduire en moi
sa mort afin d’éprouver la puissance de sa résurrection. "Ceci est mon corps livré pour toi".

Je ne sais plus quoi dire, mais il n’y a plus rien à dire sinon accueillir le mystère, reproduire en moi sa mort. Désormais, nous le savons tous, nous devons mourir, mourir avec le Christ, car il n’y a pas de vie possible pour moi, pour chacun de nous, sinon en Christ et pour cela, nous devons mourir avec Lui.

Frères et soeurs, l’heure est venue pour nous, d’accueillir ce mystère de mort avec le Christ. Notre vieil homme doit se laisser ensevelir avec le Christ. Tous nous sommes morts à cause de nos fautes, mais si j’accepte de mourir avec lui, il prendra sur lui mes maladies et mes infirmités.
Au pied de la Croix, au coeur de la crise que traverse notre Église diocésaine, je vois jaillir le fruit du sacrifice du Christ, du coeur transpercé de Jésus, les torrents de la miséricorde, de la Vie. Aussi, je n’ai pas peur, ni honte, devant vous tous, frères et soeurs, de demander pardon à tous ceux que j’ai pu blesser par mon comportement ; puisse l’Amour du coeur de Jésus venir panser les plaies que j’ai pu causer chez les uns ou les autres. De même, je n’ai pas peur, ni honte, devant vous tous, frères et soeurs de vous dire que je pardonne de tout mon coeur à tous ceux qui m’ont offensé.
Je ne peux que vous partager mon désir de pouvoir dire dans quelques minutes, en vérité et avec vous tous, la prière que Jésus lui-même nous a enseignée, le Notre Père : "Pardonne-nous comme nous-mêmes, nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés". Je repense également à la réaction de Paul devant les divisions de la communauté de Corinthe : "Chacun de vous dit : “Moi, je suis à Paul.” – “Et moi, à Apollos.” – “Et moi, à Céphas.” – “Et moi, au Christ.” Le Christ n’est-il pas ainsi divisé ? Serait-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Ou bien serait-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ?"

En cette année sacerdotale, sous le regard du saint Curé d’Ars, nous pouvons rendre grâce pour le don que le Seigneur a fait à son Église du sacerdoce. Par l’évêque et les prêtres, il nous a donné de pouvoir participer aux fruits de son sacrifice. Par eux, nous sommes devenus enfants de Dieu par le baptême et la confirmation ; par eux, nous participons dans l’eucharistie à l’unique sacrifice de la Croix et communions au corps du Christ ; par eux, nous recevons le pardon de nos péchés et le sacrement qui nous donne de vivre en chrétien l’état de maladie ; par eux encore, la communauté grandit et s’affermit par les sacrements du mariage et de l’ordre ; enfin, c’est encore par eux que nous sommes conduits à
nous préparer à entrer dans la plénitude de la vie.

L’heure est venue également pour mes frères prêtres de renouveler leurs promesses sacerdotales. Ils comptent sur vous tous pour vivre toujours plus unis au Seigneur en fidèles intendants des mystères de Dieu. Ils ont besoin de votre prière pour que le Seigneur répande sur eux ses dons en abondance.
L’heure est venue également pour mes frères diacres de renouveler les promesses de leur ordination à être serviteur dans toute leur vie, à l’image du Christ serviteur.
L’heure est venue également pour moi de vous demander de prier afin que le Seigneur me pardonne toutes mes fautes et me donne d’être fidèle à la charge apostolique qui m’a été confiée.

Enfin, que le Seigneur nous donne à tous de communier à sa mort pour que notre vieil homme soit enseveli avec lui dans la mort. Alors, la Pâque du Seigneur sera pour nous tout à la fois un tombeau et un berceau, un tombeau où seront ensevelis tous les germes de mort e de péché qui nous habitent, un berceau où il nous sera donné de renaître en Christ dans la lumière de la loi du service mutuel et de l’amour du Christ.
Maintenant, l’heure est venue pour nous, dans l’Eucharistie, de rendre grâce à Dieu pour toutes ses merveilles, d’entrer dans le mémorial du calvaire, de participer à l’unique sacrifice de la Croix qui nous rend la Vie, de communier au corps du Christ en nous engageant à communier ensemble dans l’unique Corps Mystique du Christ. Enfin, dans l’Eucharistie, tout nous conduit à dire : Il est là, il est vraiment là présent sous les apparences du pain et du vin, présent dans le ministre qui célèbre l’eucharistie, présent au milieu de nous, présent en nous.

Amen !