Laissons-nous conduire par l’Esprit !

24 août 2002

Au moment où la charge du diocèse vient de m’être confiée, je voudrais vous partager ce qui habite mon cœur. A l’appel de l’Église et du Saint Père, je ne pouvais que répondre par les mots prononcés au jour de mon ordination presbytérale à Saint Siffrein : “Me voici !” Ces mots chargés de sens nous rappellent sans cesse la disponibilité et le don de soi nécessaire pour le service de Dieu et de tous nos frères.

Je vous l’avoue : je suis encore sous le choc devant les desseins étonnants de la Providence, mais je voudrais les accueillir et vous inviter à les accueillir avec un regard de foi et d’amour.

Cependant, avant toute chose, je voudrais remercier Monseigneur Bouchex pour ce qu’il a été pendant tant d’années au milieu de nous ; je ne cesse de rendre grâce pour tout ce que Dieu a fait en lui et par lui. Nous lui devons beaucoup, notre prière continuera à l’accompagner et je suis sûr qu’il continuera également à nous porter tous dans sa prière.

Je connais peu le diocèse et je voudrais prendre le temps de le découvrir avec un regard neuf, un regard ouvert sur toutes les merveilles que l’Esprit Saint ne cesse de faire jaillir dans le cœur des hommes, un regard capable de s’émerveiller devant la beauté de notre Église et de chacune de nos paroisses. Je connais mal tous mes frères prêtres et je voudrais prendre le temps de les rencontrer tous pour les écouter ; je voudrais prendre le temps de rencontrer chaque communauté paroissiale, chaque communauté humaine. Alors, tous ensemble nous pourrons chercher à discerner ce que l’Esprit veut pour notre Église dans les années qui viennent.

L’Esprit Saint nous a été donné au baptême et à la confirmation, il habite en nous et il ne cesse de faire jaillir en nous l’amour de Dieu. Il veut nous embraser du feu de son amour, aimer est peut

Oui, le grand projet de Dieu est la construction de l’Église et l’Esprit Saint a reçu mission d’en être le maître d’œuvre. L’Église, c’est son affaire, il se charge de tout, il s’occupe de tout, il a la responsabilité de tout. Mais en même temps, il nous appelle à collaborer avec lui d’une véritable collaboration et pour cela il nous faut être toujours plus souple et docile entre ses mains. En effet, comme nous le dit Saint Paul, nous ne sommes que les coopérateurs ou les collaborateurs de l’ouvre de Dieu, serviteurs du Christ et intendants des mystères de Dieu.

Ce que l’Esprit Saint veut pour notre Église aujourd’hui, je ne le sais pas, mais je voudrais que nous nous mettions tous à son écoute pour savoir ce qu’il veut pour nous aujourd’hui. Je voudrais que nous nous laissions conduire par lui. Je pense à ces mots de Paul : “Marchons sous l’impulsion de l’Esprit !” (Gal 5, 25)

Je ne sais pas par quel chemin il nous conduira, mais sur ce chemin, nous aurons :

- à découvrir l’importance de la communion, de la grande « fraternité ecclésiale »,

- à nous nourrir de la Parole de Dieu,

- à redécouvrir sans cesse davantage l’importance des sacrements et spécialement de l’eucharistie dominicale et de la réconciliation,

- à nous ouvrir à toutes les merveilles de Dieu,

- à porter le souci des plus pauvres et du partage.

Tout cela nous permettra de répondre à l’appel de l’Esprit qui veut que nous soyons des témoins de Jésus vivant dans nos vies aujourd’hui. En effet, comment ne pas être bouleversé devant tant d’hommes et de femmes qui ignorent aujourd’hui encore la bonne nouvelle de Jésus ? Comment ne pas laisser déborder la source des eaux vives que l’Esprit ne cesse de faire jaillir dans le cœur des croyants ? Nous devons tous être missionnaires à la manière de la Samaritaine qui, d’une phrase, a touché le coeur des gens de son village : “Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait, ne serait-il pas le Christ ?

Dans son amour infini, Dieu veut que tous les hommes deviennent ses enfants dans le Christ, membres de sa grande famille et il demande à chacun de nous et à chacune de nos communautés chrétiennes d’être “signe et moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain”. De cette mission confiée par le Christ à son Église, nous sommes les serviteurs.

Au cœur de l’Église, au milieu de tous mes frères baptisés, je voudrais être un frère parmi ses frères, membre de l’unique Corps du Christ dont la construction est confiée à tous (cf. Ep 4, I 1). Avec tous mes frères et sœurs chrétiens, avec tous mes frères prêtres et diacres, nous avons à nous mettre à la disposition de l’Église pour collaborer dans le respect de la vocation de chacun. En même temps, comme évêque, je reçois une mission indispensable pour et dans le peuple de Dieu, celle d’être le pasteur au service de tous. Avec Augustin, je voudrais vous dire : “Avec vous je suis chrétien et pour vous je suis évêque”.

Notre Église diocésaine, je voudrais l’aimer telle qu’elle est et, en l’aimant, agir pour qu’elle devienne toujours davantage ce qu’elle doit être selon le cœur de Dieu : mystère de communion dont l’eucharistie est le sommet et la source de toute notre vie ; en elle, le Christ se donne à nous pour nous unir tous en lui.

Ce mystère de communion, je voudrais en porter le souci et en être l’artisan afin de promouvoir l’unité de tous dans la confiance et le dialogue, dans la collaboration et le service de la charité. Dans l’écoute attentive et le discernement, avec tous mes frères prêtres et diacres, je voudrais encourager tous les laïcs à prendre leurs responsabilités de baptisés dans la société comme dans la communauté chrétienne. Ensemble nous aurons à vivre une véritable co-responsabilité sans confusion. Dans un grand esprit d’ouverture, nous devons laisser se développer dans la communauté les charismes les plus variés que suscite l’Esprit Saint et être artisan de l’unité dans l’amour en veillant à rapprocher les mentalités différentes, de manière à ce que personne ne se sente étranger dans la communauté, mais que tous participent à la construction de l’Église.

Je voudrais également être particulièrement attentif à collaborer avec tous ceux et celles qui sont engagés dans la vie religieuse et la vie consacrée. Leur présence dans notre diocèse est une source inestimable de grâce.

Je voudrais enfin me tourner vers la Vierge Marie : l’Esprit Saint l’a choisie pour collaborer à la réalisation du projet de Dieu. Elle y collabore non seulement en engendrant le Verbe de Dieu mais en engendrant le Corps du Verbe de Dieu, le Corps du Christ, l’Église. Elle est devenue la collaboratrice de l’Esprit Saint qui ne fait rien sans elle. Tout ce qu’il fait, l’Esprit Saint le fait avec elle et par elle. Le mystère de l’Église commence par l’emprise de l’Esprit Saint sur la Sainte Vierge : “L’Esprit Saint viendra sur toi”. Et cette collaboration n’est pas seulement pour donner vie humaine à l’Emmanuel mais pour donner vie au Corps de l’Emmanuel, à l’Église ; et donc Marie est la collaboratrice de l’Esprit pour toutes ses missions puisque tout est ordonné à la réalisation de l’Église. Elle sera pleinement Mère du Christ en étant Mère de son Corps qui est l’Église aujourd’hui encore, de notre Église en Avignon.

Elle continue à engendrer le Corps du Christ qui est l’Église. Elle donne à la grâce une coloration maternelle. Elle devient Mère de toute grâce, Mère de toute vie en collaborant ainsi à la grande œuvre de Dieu. Étant Mère du Verbe incarné, il est normal qu’elle devienne Mère de tous ceux qui font partie du Corps mystique du Christ. Elle est notre mère et nous sommes ses enfants.

Alors comment avoir peur, comment ne pas marcher si nous avons avec nous l’Esprit Saint et la Sainte Vierge ? Ils font la force de l’Église ; que sont toutes les difficultés quand on a l’Esprit Saint et la Sainte Vierge ? L’Esprit Saint est avec nous, et nous possédons aussi la Sainte Vierge, elle est là, avec nous, attentive comme une mère. Que reste-il de toutes nos peurs si nous avons l’Esprit-saint ? Si nous avons la Sainte Vierge ?

+ Jean-Pierre CATTENOZ
24 août 2002

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