Laissez-vous toucher - Un Sauveur nous est né

24 décembre 2012

Mot de l’évêque - Eglise d’Avignon n°84

Dans toutes les familles du monde, une naissance est toujours un événement important ; toute la famille se prépare à accueillir dans la joie l’enfant à venir. Dieu le Père aussi se réjouit, dans quelques semaines, son Fils bien-aimé va naître au milieu des hommes.

Depuis longtemps Dieu attend ce moment, depuis le jour où l’homme a refusé son amitié. Depuis ce jour-là Dieu fait tout pour reconquérir le cœur de l’homme, mais la situation ne cesse de se dégrader. De leur côté, les hommes n’ont qu’une idée en tête : Devenir Dieu ! Mais les pauvres, ils croient pouvoir le devenir par leur propre force en se passant de Dieu, ils construisent à Babel une tour pour arriver jusqu’au ciel auprès de Dieu. L’orgueil de l’homme n’a plus de limites.

Alors Dieu appelle un nomade venu d’Ur en Chaldée et il l’invite à se laisser conduire par lui. Et Abraham accepte, il marchera au pas de Dieu, il fera l’expérience de la présence divine dans sa vie. Autour d’Abraham, un peuple se forme progressivement, des gens sûrement pas meilleurs que les autres, plutôt pires mêmes, un ramassis d’esclaves à la nuque raide mais qui accepte de faire l’expérience de la présence divine en se laissant conduire par Dieu. « Dieu fera son éducation », d’abord pendant quarante ans dans le désert, puis pendant des siècles. Heureusement, Dieu est un Dieu patient, plein de tendresse et de miséricorde, car quand tout va bien son peuple l’oublie et transforme tout en idoles et quand tout va mal récrimine contre Dieu.

Mais aujourd’hui, Dieu est content, enfin il va pouvoir nous donner son propre Fils, le bien-aimé. Depuis des mois, il a pris chair dans le sein de la vierge Marie et sa naissance devrait avoir lieu dans la deuxième partie du mois de décembre, vers le 25. Son Père adoptif, Joseph, est un charpentier de village, d’un village perdu de Galilée, sa mère une jeune fille, de Galilée elle aussi. Tous deux passent inaperçus, ils ne font pas de bruit et personne ne perçoit ce qui est en train d’arriver.

Dieu, lui, a tout prévu pour la naissance de son Fils, il a même déjà prévenu des mages d’Orient qui viennent de se mettre en route. Son Fils naîtra à Bethléem en Judée ; il naîtra dans des conditions dramatiques, Joseph ne trouvera personne pour accueillir Marie sur le point d’accoucher. Personne n’est prêt à les accueillir. L’enfant Dieu naîtra dans des conditions extrêmes de pauvreté et de précarité. Sa naissance passera inaperçue aux yeux du monde. Certes, il aurait pu s’imposer, dire qui il était, décliner son identité, mais ce n’est pas la manière de faire de Dieu. Son Fils vient nous apprendre à vivre dans l’intimité divine ; il vient nous apprendre à vivre comme lui : il n’a rien, mais il reçoit tout du Père éternellement. Non, il ne fera pas de grands discours, il ne s’imposera pas ; simplement, il nous montre le chemin du cœur de Dieu et nous invite à l’accueillir, à nous laisser habiter par sa présence pour devenir à notre tour des enfants bien-aimés du Père dans l’unique bien-aimé.

Les premiers à l’accueillir seront des bergers, les parias de la société de l’époque. Leur cœur de pauvre est préparé à accueillir l’enfant Dieu, mais cependant, même pour eux, la chose n’ira pas de soi, il faudra que des anges s’en mêlent pour leur annoncer la nouvelle et leur donner un signe : « vous trouverez un enfant nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».

Et vous, qu’allez-vous faire ? Entendrez-vous les anges vous le dire : « Un sauveur vous est né ! » Entendrez-vous les anges proclamer : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! » Il vient pour nous réconcilier avec nous même, avec les autres et avec la création tout entière. Alors que notre cœur est déchiré, divisé, il vient réunifier notre être en se donnant à nous, en nous rassemblant en frères dans son Corps qui est l’Église et mettant toute la création au service de cette réconciliation.

N’hésitez pas, prenez l’enfant que Marie sa Mère vous tend, serrez-le sur votre cœur et dans ce cœur à cœur vous comprendrez et à votre tour vous l’accueillerez. Mais attention, ne l’oubliez pas, l’humilité nous ouvre le chemin du cœur de Dieu, l’orgueil rend la rencontre impossible. Bon temps de l’avent et bon Noël à tous.

+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon