Le carême est une sorte de cure de désintoxication

1er mars 2009

Mot de l’évêque - Eglise d’Avignon n°47 - Mars 2009

En ces premiers jours du carême, revenons au Jourdain,
Jésus arrive, Il prend place au milieu des pécheurs pour
faire corps avec eux. Il porte dans son coeur un grand
désir, celui-là même qui l’a conduit à venir partager
notre aventure humaine : nous permettre de retrouver le chemin
du coeur de Dieu. Les mots d’Isaïe montent sur ses lèvres : "Il a
pris sur lui nos infirmités, il s’est chargé de nos maladies"
. Il fait
corps aussi avec l’amour de miséricorde qui habite le coeur du
Père : bouleversé de voir les hommes refuser son projet divin,
son amour de création est devenu amour de miséricorde et il
a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils. Il sera l’agneau
immolé qui portera le péché du monde. Blessé, il continuera
d’aimer et de son coeur transpercé jailliront les sources de la vie,
les sources de l’Amour.

Au moment même où il remonte de l’eau, Jésus voit les cieux
se déchirer, Il voit l’Esprit descendre et demeurer sur lui. Plus
rien ne sera comme avant, l’Esprit qui planait sur le tohu-bohu
à l’aube de la Création est de nouveau donné au monde pour
mettre en oeuvre le renouvellement de la Création. Il en sera
le maître d’oeuvre pour bâtir le Corps du Christ, l’Église qui, au
dire de saint Épiphane, demeure la fin du projet créateur. Enfin,
le Père se fait entendre pour nous dire : "Celui-ci est mon Fils
Bien-Aimé en qui j’ai mis tout mon amour"
. Jésus vient de vivre
une véritable investiture messianique, désormais il peut partir
"porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la
délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté
les opprimés et proclamer une année de grâce du Seigneur"
.

Pourtant, au lieu de commencer sa mission, il obéit à une
motion de l’Esprit Saint et se retire dans le désert où il demeure
pendant quarante jours, jeûnant, priant, vivant une lutte violente
avec Satan. Tout cela dans la solitude et le silence. Au terme
de cet exode au désert, saint Marc nous dit : "Il était avec les
bêtes sauvages et les anges le servaient"
. Le nouvel Adam
est là, entouré de toute la création matérielle symbolisée par la
présence des bêtes sauvages et de toute la création spirituelle
symbolisée par la présence des anges qui le servent. Alors, il
peut commencer sa mission.

Tout au long de l’histoire, des hommes et des femmes ont choisi
d’imiter Jésus et de se retirer pour vivre dans le désert. En
orient, ils se retiraient dans les déserts d’Egypte ou de Palestine
 ; en occident, où il n’existait pas de déserts, ils se retiraient
dans des lieux isolés, des montagnes ou des vallées à l’écart
du monde à l’image de saint Gens se retirant dans les monts
du Vaucluse.

Mais l’invitation à suivre Jésus dans un temps de désert signifie faire un peu de vide et de silence autour de nous, retrouver le chemin de notre coeur, nous soustraire au vacarme et aux sollicitations extérieures, pour entrer en contact avec Celui qui est venu faire sa demeure au plus
profond de notre être.

Le carême est ce temps privilégié pour vivre un temps de désert,
une sorte de cure de désintoxication. La pollution provoquée
par certaines de nos usines n’est pas, en effet, la seule pollution
qui existe. Il existe bien d’autres pollutions liées à tous les
esclavages dans lesquels nous enferme le monde matérialiste
et technique. Nous sommes tous un peu étourdis par le bruit du
monde qui nous entoure. L’homme est capable d’envoyer ses
sondes jusqu’à la périphérie du système solaire mais il ignore le
plus souvent ce qu’il y a dans son propre coeur.

Comment vivre ce carême ? Etant donné que nous ne pouvons
pas aller au désert, nous devons faire un peu de désert au-dedans
de nous. Saint François d’Assise nous fait à cet égard,
une suggestion pratique. "Nous avons, disait-il, un ermitage
toujours avec nous, où que nous allions, et chaque fois que
nous le souhaitons nous pouvons nous y enfermer comme des
ermites. L’ermitage est notre corps et l’âme est l’ermite qui y
habite !« 
. Nous pouvons entrer dans cet ermitage »portable"
sans attirer l’attention de quiconque, même dans un bus bondé.
Le tout est de savoir de temps à autre « rentrer en nous-mêmes ».

Que l’Esprit qui « conduisit Jésus au désert », nous y conduise
également, nous assiste dans le combat contre le mal et nous
prépare à célébrer Pâques, avec un esprit renouvelé !

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