Vivre en l’Eglise aujourd’hui (2)

16 novembre 2002

“Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.” (l Jn 1,3)

L’Église, corps du Christ

Regardons comment saint Paul nous parle de l’Église lorsqu’il s’adresse à la communauté de Corinthe agitée par des divisions. Il ne se contente pas de faire appel au bon sens qui invite à s’entendre. Non, il met immédiatement en avant la relation des Corinthiens au Christ lui-même : “Le Christ est-il divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ?” (1 Co 1, 13). L’appel au baptême pour justifier la communion se double d’un rappel du repas eucharistique : “La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps : car tous nous participons à cet unique pain” (1 Co 10, 16-17). Pour Paul, ce manque de charité pervertit le mystère de l’Église : les Corinthiens prétendent célébrer la communion au corps du Christ, or ils ne vivent pas en communion. C’est pourquoi Paul leur rappelle le fondement de la communauté chrétienne : le Christ qui nous unit tous en lui.

Par le baptême, nous sommes tous un dans le Christ ; dans l’eucharistie, le Christ nous donne son corps en nourriture pour que nous devenions son Corps. Ensemble nous formons le Corps du Christ dans la diversité de ses membres :

“Prenons une comparaison : le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres, mais tous les membres du corps malgré leur diversité ne forment qu’un seul corps, il en est de même du Christ. Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit. Le corps ne se compose pas d’un seul membre mais de plusieurs [...] L’œil ne peut pas dire à la main : “Je n’ai pas besoin de toi”, ni la tête dire aux pieds : “Je n’ai pas besoin de vous”. Bien plus, même les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont nécessaires, et ceux que nous tenons pour les moins honorables, c’est à eux que nous faisons le plus d’honneur . Dieu a composé le corps en donnant plus d’honneur à ce qui en manque afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps mais que les membres aient un commun souci les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous les membres partagent sa joie. Or vous êtes le Corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part” (1 Co 12,4-27).

Ainsi le Christ et l’Esprit sont à la source de la communion ecclésiale. Notre communion est communion au Christ : le corps que constitue l’Église est « Corps du Christ », mais c’est l’Esprit Saint qui est l’artisan de cette communion. L’enjeu est fondamental, c’est l’identité même de l’Église qui est en cause. L’Église n’est pas une société parmi d’autres, elle est le « Corps du Christ » et c’est lui seul qui est source de notre communion et de notre unité. Tout cela doit nous aider à vivre toutes nos différences et tous nos conflits à la lumière même du Christ qui nous unit et nous donne d’être solidaires les uns les autres, au service les uns des autres dans la communion. Chacun de nous doit pouvoir dire avec Paul : “Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi” (Gal 2, 20-21).

Dans d’autres lettres, Paul précise : “Il est Lui la tête du corps qui est l’Église” (Col 1, 18) ; “C’est de Lui que le corps tout entier, coordonné et bien uni grâce à toutes les articulations qui le desservent, selon une activité répartie à la mesure de chacun, réalise sa propre croissance pour se construire lui-même dans l’amour” (Ep 4, 16). Le Christ répand sa vie dans l’Église pour en faire son corps et assurer sa cohésion, son unité profonde avec lui.

Ainsi l’Église n’est rien sans le Christ, elle reçoit tout de lui. Et le rôle propre de l’évêque, des prêtres et des diacres est précisément d’être au cœur de la communauté signes et serviteurs de ce don que le Christ fait sans cesse à son Église et sans lequel il n’y a pas d’Église, ils sont ministres du Christ pour construire et édifier son corps tout entier.

Tout se tient. Le corps ne peut subsister qu’en totale dépendance de la tête. L’Église vit du Christ, dans une totale référence à lui. Elle se reçoit en permanence et en toute gratuité de son Seigneur. L’image de l’Église Corps du Christ exprime aussi parfaitement que possible la nature nouvelle et unique de l’Église, elle a une dimension intérieure, mystérieuse, invisible, vitale. De plus, l’image du corps rappelle que l’Église est une communauté de frères qui se construit dans le Christ, source de vie et fondement de son unité, qui s’édifie comme un corps grâce à une variété de membres et de services. Si l’Église tient tout du Christ, s’il est la tête du corps, chaque membre doit pouvoir y trouver sa place, dans la diversité des charismes et des ministères. Tous frères et tous solidaires dans un Peuple en marche, mais aussi tous différents et complémentaires dans un seul corps.

+ Jean-Pierre Cattenoz
16 novembre 2002

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