Et après ?

7 mai 2020

Bloc-Notes, mai 2020

Depuis plus d’un mois, nos vies ont été bouleversées sur tous les plans : personnel, conjugal, familial, relationnel, social, professionnel, économique et disons-le, chrétien. Tout a été mis-à-mal dans nos vies par un virus qui est devenu l’ennemi public numéro un. Tous les médias sont focalisés sur lui et ne cessent de nous redire : “Plus rien ne sera comme avant !”

Qu’en est-il vraiment ? Dans la lumière du Seigneur, de l’Innocent crucifié pour nous, mort et ressuscité pour nous entraîner en Lui dans la Vie, mais quelle Vie ?

Je vous propose de lancer dans notre Église diocésaine une grande réflexion sur l’après-confinement. Tous ceux qui le souhaitent pourraient faire mémoire de tout ce qu’ils viennent de vivre, de tout ce qu’a été pour eux cette période de confinement, de toutes les remises en cause que cela a entraînées dans leur vie, de toutes les interrogations qu’ils sentent monter en eux sur notre façon de vivre, notre vie en famille comme en société. Tout cela, nous pourrions le partager sur un site ouvert à tous pour nous enrichir de toutes les réflexions des uns et des autres.

Dans le même mouvement, tous ceux qui le veulent pourraient partager les bases d’une nouvelle façon de vivre qu’ils entrevoient après ces semaines de confinements. Nous pourrions ainsi nous enrichir des richesses les uns des autres pour le bien de tous.

Depuis le matin de Pâque, nous avons relu tous les récits de la résurrection du Seigneur et le livre des Actes des Apôtres qui, avec l’Évangile de saint Jean, nous accompagne d’eucharistie en eucharistie. L’Esprit Saint semble nous tracer un chemin de lumière capable de donner sens à nos vies dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui.

Partons du récit des disciples d’Emmaüs, Jésus les rejoint, il nous rejoint pour faire route avec nous dans une communion silencieuse, mais bien réelle. Ensuite, il les invite à faire anamnèse de tout ce qu’ils viennent de vivre, de toutes les questions qui les habitent, de la tristesse qui les a conduits à tout laisser tomber pour reprendre leur vie d’autrefois au fond de leur village. Ensuite, le Ressuscité relit avec eux la Parole de Dieu, leur cœur est tout brûlant quand il leur révèle le sens de tout ce qu’il vient de vivre. Quand ils sont sur le point d’arriver dans leur village, ils lui disent : “Reste avec nous !” Ne pourrions-nous pas lui dire nous aussi : “Reste avec nous !” Notre cœur à nous aussi est tout brûlant lorsque tu ouvres notre cœur à l’intelligence de la Parole de Dieu. Alors Jésus reste avec eux dans la maison Église et il se met à table avec eux, il bénit le pain, le rompt et le leur donne. Alors ils le reconnurent, mais il disparut à leurs yeux, car désormais il reste auprès de nous dans l’eucharistie où il se donne à nous pour nous unir à Lui. Les voilà transformés, ils ont compris qu’il est toujours là dans sa Parole et dans le pain partagé, dans l’eucharistie source et sommet de toute la vie de l’Église.

Les premiers chapitres des Actes mettent en place les bases de la vie nouvelle que le Ressuscité nous propose de vivre en Lui. À la Pentecôte, l’Esprit Saint remplit tous ceux qui sont réunis dans la maison Église, une langue de feu descend sur chacun d’eux et la puissance de l’Esprit ne les quittera plus. Ensuite, tous se mettent à proclamer les merveilles de Dieu, un chrétien vit toujours dans la louange, les yeux ouverts à toutes les merveilles que Dieu ne cesse de mettre sous ses yeux. Après, ils témoignent de tout ce que Jésus a changé dans leur vie : “De tout cela, nous sommes les témoins avec l’Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent”. La place de l’obéissance est fondamentale, mais elle est si souvent refusée aujourd’hui. Enfin, nous avons à vivre des quatre fondements de toute vie en Christ et dans son Corps qui est l’Église : “Ils étaient fidèles à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières” ; la Parole de Dieu, la communion - l’unité - la fraternité, l’eucharistie source de la communion et de l’unité, et enfin la prière sous toutes ses formes.

De quoi bâtir ensemble une nouvelle manière de vivre en chrétien et en Église cette sortie du confinement.

Dans l’attente de la fête de la Pentecôte !

 + Jean-Pierre Cattenoz
archevêque d’Avignon