Jean-Paul II, le Bienheureux

10 mai 2011

Mot de l’évêque - EDA n°69

Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II, ces trois papes auront profondément marqué notre histoire et l’histoire de l’Église depuis un demi-siècle : Jean XXIII, l’homme du Concile et du renouveau de l’Église ; Paul VI l’homme de l’après Concile, le pape qui nous a donné la lettre apostolique sur l’annonce de l’Évangile, qui a renouvelé le dynamisme missionnaire de l’Église et a rappelé à tout chrétien sa mission d’être un authentique
témoin de l’Évangile au coeur de notre monde contemporain ; Jean-Paul II, nous l’avons tous connu, lui, l’homme au pontificat de 26 ans, le pape des JMJ et d’une présence profonde au monde.

Sa première encyclique, au lendemain de son élection, fut consacrée au "Christ, le Rédempteur de l’homme". Jean-Paul II nous invitait à découvrir toujours davantage la place du Christ dans nos vies : Il est mon Seigneur et
mon Sauveur, Il me donne la vie. Il a conscience que seul le Christ peut révéler à l’homme toute la richesse de son humanité et toutes les dimensions de sa vocation d’homme et d’enfant de Dieu. Il est pour chacun
de nous, le Chemin, la Vérité et la Vie. Si nous voulons vivre, nous devons vivre dans le Christ. Tout le pontificat de Jean-Paul II sera illuminé de la lumière du Christ et il n’aura de cesse de nous révéler l’amour de miséricorde qui déborde du coeur de Jésus en nous invitant à nous
laisser entraîner dans les torrents de la Miséricorde divine. Soeur Faustine l’invitera à faire du deuxième dimanche de Pâques le dimanche de la Miséricorde et il entrera dans la Vie aux premières vêpres du dimanche
de la Miséricorde 2005.

Il aura été l’homme des Journées Mondiales de la Jeunesse, il s’est fait pèlerin du monde entier pour inviter les jeunes à découvrir le Christ, à en vivre et à en témoigner. Il leur montre la lumière du Christ qui élevé de terre
attire tous les hommes à lui et il les rejoint pour faire route avec eux sur le chemin d’une vie nouvelle.

Victime d’un attentat en 1981, il se fera pèlerin de la justice et de la paix. Il sera l’un des artisans de la chute du mur de Berlin. Pèlerin, il n’aura pas peur de témoigner auprès des plus grands de la terre de la vérité de
l’Évangile et bien des tyrans de la terre succomberont sous les coups de boutoirs de sa charité.

Homme de prière, il trouve en elle sa force. A Strasbourg, j’ai vu arriver sur la grande place près de la cathédrale un homme fatigué, épuisé ; il a pris sa tête dans ses mains, il s’est recueilli un instant, un instant lourd de
sa prière, et en se redressant il n’était plus le même, la puissance de la prière l’avait transfiguré.

Chaque jour de sa vie, il suit le Christ sur le chemin de la Croix pour se laisser identifier à son Seigneur. À Cracovie, dans les couloirs du Grand Séminaire, on a gardé le chemin de croix devant lequel le Père Karol
Wojtila se recueillait à chaque intercours pour se replonger dans le mystère de la Croix ; il y trouvait sa force et sa lumière, la source des eaux vives qui viennent nous renouveler et nous donner la vie véritable.

Homme débordant de la charité du Christ, il est attentif à tous ceux qu’il rencontre. A table, il avait près de lui le plan de table avec le nom de chacun de ses hôtes et la langue qui est la sienne de manière à pouvoir s’adresser à chacun dans sa langue. La dernière fois que je l’ai rencontré, il était très diminué, un de ses yeux était quasi fermé, mais il avait gardé l’autre oeil entrouvert laissant déborder toute la puissance du feu intérieur qui l’habitait. La lumière de l’hôte intérieur qui le transfigurait transpirait dans son regard. Il n’y avait plus besoin de paroles pour communier avec Celui avec qui il ne faisait plus qu’un.

Enfin, comment ne pas rappeler son amour pour la Vierge Marie, comme le disciple bien-aimé au pied de la Croix, il avait pris Marie chez lui et il vivait dans son intimité. A l’aube du troisième millénaire, il nous a dit : "Je la présente encore comme aurore lumineuse et guide sûre pour notre chemin. Me faisant l’écho de la voix même de Jésus, je lui redis : “Femme, voici tes enfants” et je lui présente l’affection fi liale de toute l’Église." Il y a quelques semaines, j’ai prié sur sa tombe pour lui confier notre Église diocésaine et chacun d’entre vous.