Mot de l’évêque

3 février 2016

RCF, 29 janvier 2016

Voyage au Vietnam :
J’ai eu la joie de visiter la communauté catholique francophone d’Hanoï, celle d’Hô Chi Minh Ville et d’aller passer trois jours dans la communauté des sœurs amantes de la Croix de Caï Mon au sud du Vietnam, sœurs qui sont présentes à Valréas ; cela a été une très belle visite de découvrir une fois de plus la vitalité des communautés catholiques francophones à l’étranger. Il y a aussi des difficultés, mais on a pu largement en parler.

Au Vietnam, on sent que le sang des martyrs est en train de porter des fruits en surabondance. J’ai été étonné aussi de voir le marteau et la faucille absolument partout dans le pays, et en même temps, un dialogue s’installe entre le parti, les autorités et l’Église ; on arrive à vivre dans une cohabitation qui même parfois porte des fruits. Bien sûr, il y a des orientations du parti et d’un autre côté le cardinal de Hanoï est un homme de dialogue de même que l’archevêque d’Hô Chin Minh ; ils disent d’ailleurs que dialoguer avec les autorités est fondamental. Dans le sud, le parti avait demandé laide de l’Église pour construire des logements pour des personnes dont la maison avait été abîmée par le fleuve ; et le curé ayant joué le jeu, 3 mois après, on rend l’école qui avait été prise 30ans auparavant à la paroisse.

Loi sur la fin de vie
Il est scandaleux qu’une loi sur un sujet autant important soit votée à main levée à un moment où il n’y a quasiment plus personne à l’Assemblée. On devrait exiger, pour les votes importants, que tous les députés ou sénateurs soient à leur place et que ce soit vraiment le fruit et la réflexion de l’ensemble des élus de la nation. Or, une fois de plus, on a l’impression qu’on assiste à une débâcle de nos appareils politiques, de nos assemblées qui votent des orientations de civilisation à travers des votes à main levée . Cette orientation donnée à l’euthanasie me semble un scandale extrêmement grave. Je vais prendre le temps de travailler les textes qui ont été votés, mais a priori, on est en présence d’un texte qui ouvre la porte, une fois de plus, à une atteinte fondamentale à la vie.

Dans l’encyclique l’Évangile de la Vie, Saint Jean Paul II a dit à propos de l’avortement mais on assiste ici au même phénomène : « on commence à changer le vocabulaire » ; François Hollande, au début de son mandat dit que l’homme a le droit de mourir dans la dignité : on ne parle plus d’euthanasie, mais d’un droit positif de mourir dans la dignité. Dès qu’on a changé le vocabulaire, on dépénalise par les faits, les actes eux-mêmes ; ça c’est la deuxième étape. Et la troisième étape : progressivement, les lois apparaissent ; on assiste maintenant à un premier volet d’une loi, mais qui en fait est une porte ouverte à l’euthanasie.

En effet, à partir du moment où une personne sait qu’elle est atteinte d’une maladie grave, incurable ( qu’est ce qu’on appelle ainsi ?), elle peut demander officiellement qu’on l’endorme pour qu’elle ait un sommeil pré mortel, qui la conduira à la mort. L’euthanasie va jouer également sur le fait que pour des personnes qui seront dans le coma ou qui ne seront plus capables de s’exprimer, c’est l’équipe médicale qui décidera des orientations à prendre sur cette sédation ou non.
Personnellement, j’ai été témoin de familles venant demander l’euthanasie pour leur grand-père ou grand-mère, et j’ai trouvé cela scandaleux.

Il est clair qu’on a encore un travail énorme à faire sur les soins palliatifs, mais l’outil médicamenteux qui permet de soulager une souffrance, de permettre de débrancher un aspect de la conscience, pose aussi la question de l’utilisation que l’on peut faire de cet outil ; comment va se faire la réflexion des médecins et spécialistes ? Des médecins, pour avoir des lits libres, seront peut-être appelés à mettre à mort des gens ! D’autre part, quand commence la notion de maladie incurable ?

Avec les prêtres du diocèse nous avons eu un temps de réflexion. Si un prêtre a un AVC ou tombe dans le coma et qu’il ne puisse plus s’exprimer, j’aurais souhaité que les prêtres choisissent une personne de confiance qui pourrait prendre leurs intérêts en compte au cas où eux-mêmes en seraient incapables en cas de maladie . Et nous sommes tombés sur un dossier administratif énorme qui rend la chose terriblement difficile. On devrait simplifier les choses afin qu’une personne, par un acte tout simple en justice ou devant un notaire, puisse décider que telle personne soit sa représentante. Personnellement, je ne vais pas tarder à écrire que la vie ne m’appartient pas ; c’est un don que j’ai reçu de Dieu, que je suis homme de l’utérus au sépulcre, comme dit Léon Bloy, et que je demande à ce qu’on me laisse mourir naturellement.

Même avec les non catholiques, on doit pouvoir se retrouver sur le socle fondamental de la vie de l’homme. Je suis émerveillé de voir des gens qui ne sont pas plus chrétiens que ça, mais qui me disent que la vie est quelque chose qui les dépasse !

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