« Venez à l’écart et reposez-vous un peu »

23 novembre 2013

Mot de l’Evêque - Eglise d’Avignon n°94

Jésus avait envoyé ses disciples en mission. Il leur avait dit de ne rien prendre pour la route, ni pain, ni besace, ni menue monnaie dans leur ceinture, en un mot : rien ! A leur retour, ils racontent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné. Ils étaient bouleversés par toutes les merveilles dont ils avaient été les témoins et, en même temps, ils étaient à la limite de leurs forces, ils n’en pouvaient plus.

Avec toute la foule qui entourait Jésus, les pauvres n’avaient même pas le temps de manger. Jésus leur dit alors : « Venez à l’écart et reposez-vous un peu » (Mc 6, 31). Jésus part avec eux et dans le désert, alors que les foules le pressent, il va nous donner la première catéchèse eucharistique : il les enseigna longuement, annonce de nos liturgies de la Parole puis il multiplia les pains et les poissons, annonçant la liturgie eucharistique. D’ailleurs, à la fin, il restait douze paniers pleins, de quoi nourrir les douze tribus d’Israël. Comme le bon berger, Jésus a conduit ses brebis dans de verts pâturages et il a refait leurs forces.

Si vous êtes fatigués, si vous êtes usés et ne savez plus quoi faire, venez refaire vos forces à la table de l’eucharistie, vous y découvrirez un véritable concentré de vie chrétienne qui vous remettra debout et en pleine forme.

Si vous écoutez la Parole de Dieu et la laissez porter son fruit en vous, elle accomplira son œuvre en vous : le Verbe, la Parole prendra vie dans votre vie. Vous ne serez plus seul, le Verbe habitera votre vie de sa présence et de sa puissance divine ; vos forces ne seront plus vos forces humaines, mais les forces mêmes de Dieu qui transfigureront votre vie la plus ordinaire. N’oubliez pas à la fin de la liturgie de la Parole de dire comme autrefois le peuple de Dieu : « Tout ce que Dieu nous a dit, nous le ferons, nous le mettrons en pratique ! » Si nous le faisions tous à chaque eucharistie, l’Église ne serait plus la même.

Ensuite, en vivant l’eucharistie, vous allez réapprendre à vous émerveiller. L’Esprit Saint vous fera entrer dans une pédagogie de l’émerveillement. Vous serez comme obligés de vous émerveiller devant la création toute entière comme devant chacune des créatures, vous vous émerveillerez devant toute l’histoire sainte et surtout devant le chemin de vie que Jésus vous montre : il se donne à vous pour vous unir à lui. Il vous associe à son sacrifice, avec Marie vous êtes là au pied de la Croix et vous pouvez vous abreuver aux sources de l’amour, aux sources de la vie. Il vous associe à son Sacrifice.

Nous sommes alors au cœur même de notre histoire : par son sacrifice, il rétablit les ponts entre Dieu et nous ; il donne à tous les hommes de pouvoir retrouver le chemin de la vie et de la communion avec Dieu.
Nous recevons alors son corps en nourriture, mais attention, il ne s’agit pas d’une nourriture ordinaire ; en fait, il se donne à nous pour nous unir à lui : « Chrétien, deviens ce que tu reçois ! » Il nous assimile à lui pour nous permettre de ne faire plus qu’un avec lui : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi !  » Et ce n’est pas fini, si je communie au corps du Christ, je m’engage à communier avec tous ceux qui sont les membres du corps du Christ, qu’ils le soient déjà ou qu’ils soient appelés à le devenir ; de plus, le Seigneur me donne les forces nécessaires pour communier réellement avec tous mes frères.

Cette communion va se conjuguer entre unité et diversité pour être une richesse. La communion ne va pas tout uniformiser, elle va nous permettre de découvrir nos différences comme des richesses suscitées par l’Esprit Saint. Nous sommes tous différents, divers, chacun avec ses qualités propres. Et c’est cela qui est beau dans l’Église : chacun apporte ce qu’il est, ce que Dieu lui a donné, pour enrichir les autres. Mais attention, cette communion se vit dans nos relations : jamais de commérages sur les autres, jamais de dispute. Dans nos paroisses et nos Églises vivons-nous la communion ou nous disputons-nous entre nous ? Y a-t-il des commérages ? S’il y a des commérages, il n’y a pas de communion, mais une lutte, et ce n’est plus l’Église.
 
Enfin, il nous reste à prendre conscience que tout cela trouve sa source dans la présence réelle du Seigneur : il est là présent au milieu de nous, il est là dans la personne de celui qui préside l’eucharistie, il est là présent sous les apparences du pain et du vin, il est vraiment là et il est Celui qui refait nos forces et nous donne de vivre dans l’unité et la communion fraternelle en Lui.


+ Jean-Pierre Cattenoz