Dans la lumère du Christ

10 novembre 2010

Mot de l’évêque - EDA n°63

En consacrant l’autel de la cathédrale Saint-Véran de Cavaillon, j’ai été bouleversé par la richesse de la préface consécratoire et je voudrais partager
avec vous une partie de ce texte liturgique, une véritable catéchèse pour nous tous :


"Que cet autel soit pour toujours consacré au sacrifice du Christ, qu’il soit la table du Seigneur où ton peuple viendra refaire ses forces. Que cet autel soit pour nous le symbole du Christ, car c’est de son côté transpercé qu’il laissa couler l’eau et le sang source des sacrements de l’Église".

"Que cet autel soit la table de fête où les convives du Christ afflueront dans la joie : en se déchargeant sur toi, Père, de leurs soucis et de leurs fardeaux, qu’ils reprennent ici courage pour une étape nouvelle".

"Que cet autel soit un lieu de paix et de profonde communion avec toi pour que tes enfants, nourris du corps et du sang de ton Fils et abreuvés de ton
Esprit, grandissent dans ton amour".
 
"Qu’il soit source d’unité pour l’Église et source d’union entre les frères : que tes fidèles rassemblés autour de lui y puisent un esprit de vraie charité".
 
Le lendemain de cette consécration, j’ai eu la joie de monter célébrer la fête de saint François à Berdines au milieu de cette communauté d’hommes et de femmes qui sortent de l’alcool ou de la drogue, des boiteux de
la vie, une communauté de pauvres si attachants. En entendant la première lecture de la lettre aux Galates, j’ai été bouleversé par les mots de Paul : "Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon
seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde. Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir ou de ne pas avoir la circoncision, c’est la création nouvelle" (Gal 6, 14-15).

Oui, que la croix du Christ reste notre seul orgueil ! Elle est tout pour nous, elle nous donne la vie, elle nous révèle la profondeur de l’amour de Dieu pour chacun de nous. Sur la Croix, le Christ élevé de terre nous attire
à lui pour nous entraîner en lui. François a entendu le Christ lui dire : "Va, rebâtis mon Église". Il a d’abord pensé qu’il devait reconstruire la chapelle de Saint Damien et il s’est mis au travail, mais le Seigneur lui a fait comprendre qu’il voulait le voir sur un autre chantier, celui de la reconstruction de l’Église. François n’avait rien, mais dans le silence de la prière, dans l’humilité de celui qui n’a plus rien et qui s’est donné totalement à son Seigneur et attend tout de lui, il s’est mis au travail.
Il a mis son orgueil dans la croix du Christ, comme au matin de la Pentecôte, le coeur rempli de l’Esprit Saint, il a commencé à proclamer les merveilles de Dieu, à s’émerveiller devant les créatures qui toutes portent la
marque de celui qui les a faites. Puis, il a commencé à partir sur les chemins pour annoncer l’évangile, sans rien d’extraordinaire, il proclamait les merveilles de Dieu, il touchait les coeurs par la simplicité même de
ses paroles pleines de Dieu et de l’Évangile.
Progressivement, il s’est laissé identifier à son Seigneur jusqu’à ne faire plus qu’un avec lui. Il a été transfiguré en lui, dans la lumière de l’Esprit Saint. Il laissait Dieu agir à travers lui, comme un pauvre et le Seigneur a voulu
qu’il puisse partager jusqu’à sa passion en lui donnant de porter ses stigmates pour avoir part à sa fécondité de grâce pour l’Église.

Enfin, à quelques jours de là, j’ai été à Béthanie au chevet d’un prêtre mourant pour prier avec lui. Avec quelques chrétiens, nous avons récité le chapelet pour accompagner notre frère qui vivait son vendredi saint avant
que ne se lève pour lui l’aube de Pâques. En ces jours de Toussaint où nous vivons le mystère de la communion des saints, comment ne pas laisser résonner tout cela dans nos coeurs pour entrer à notre tour dans cette
grande aventure du Christ qui nous invite à nous laisser habiter par lui et à vivre en lui à la source de l’amour qui seul donnera sens à nos vies et à notre éternité.