« Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi. »

3 juin 2010

Mot de l’évêque - Eglise d’Avignon n°60 - Juin 2010

Depuis plusieurs mois, il se préparait à vivre "son Vendredi saint" avant que se lève pour lui l’aube de Pâque. Tout au long de ce carême, le Seigneur l’a associé à son mystère pascal.

À peine arrivé à la Maison de Béthanie, Monseigneur Bouchex apprenait qu’il était atteint d’un cancer avec des métastases au cerveau. Comme Symon de Cyrène, le Seigneur lui a demandé de porter la Croix avec lui, il l’a fait, sans bruit, acceptant de cheminer dans la nuit. Il s’associait à son Seigneur, il vivait dans sa chair le sacrifice qu’il avait célébré toute sa vie, ultime joie pour lui de
ne faire plus qu’un avec celui qui avait fait sa demeure en lui et voulait le conduire jusqu’au sommet du Golgotha pour l’unir totalement à lui.

Progressivement, il ne pouvait plus communiquer avec nous, et pourtant, il était présent à ceux qui venaient le visiter ; il continuait à nous porter tous dans sa prière. Comme un frère aîné, il nous montrait le chemin. Humblement,
pauvrement, dans le silence, il cheminait jusqu’au sommet du calvaire. Au matin de Pâque, il a reçu comme nous tous le message de l’ange : "Vous
cherchez Jésus, le crucifié, Il n’est pas ici, Il est ressuscité, mais allez dire à Pierre et aux autres, Il vous précède dans la Galilée de vos vies quotidiennes, c’est là que vous le rencontrerez comme il vous l’a dit ".

Il a continué à cheminer avec les disciples d’Emmaüs, son coeur était tout brûlant tandis que Jésus le rejoignait pour faire route avec lui et lui ouvrir l’intelligence à la plénitude de sa lumière. Son corps marchait vers sa ruine, mais l’homme intérieur se renouvelait de jour en jour. Avec les disciples d’Emmaüs, il pouvait murmurer : "Reste avec nous, Seigneur, car déjà le jour baisse".

Enfin, à l’aube du sixième dimanche de Pâque, il s’endormit dans la mort.
A la veille de l’Ascension, toute notre Église diocésaine était réunie à la Métropole pour célébrer l’eucharistie dans une ultime action de grâce pour celui qui avait été notre pasteur pendant tant d’années. Dans une même
prière, nous rendions grâce à Dieu pour toutes les merveilles qu’Il a accomplies durant toute la vie et le ministère de Monseigneur Bouchex et nous implorions le Seigneur de lui pardonner toutes ses fautes, tout le
péché qui avait habité sa vie. Nous le savons bien, nous sommes tous pécheurs, mais nous le savons, nous pouvons compter sur la miséricorde de notre Père du ciel qui nous rejoint à travers la Croix de son Fils et le coeur transpercé de Jésus qui ne cesse de laisser couler sur notre monde les torrents de l’amour divin pour nous rendre la Vie et nous entraîner avec lui vers le Père.

Au moment où Jésus mourrait sur la Croix, Il donna l’Esprit, Il répandit l’Esprit pour organiser la nouvelle création, l’Église. Il en serait le Maître d’oeuvre, l’artisan, l’architecte et aujourd’hui nous voici au coeur du mystère de Pentecôte. Tous les disciples sont réunis dans la Maison Église et les voilà tous remplis de l’Esprit Saint.
L’Esprit leur donne et nous donne aujourd’hui encore de proclamer les merveilles de Dieu. Le feu de l’Amour divin envahit la Maison Église, se divise en langues de feu pour transformer nos langues et notre être tout entier afin que nous puissions devenir les témoins de toutes les merveilles de Dieu. Nos langues, habituées à juger, à critiquer, à se muer en langues de vipères, voici qu’elles sont transformées, transfigurées au souffle de l’Amour
divin pour retrouver leur vocation première de chanter les louanges de Dieu, de proclamer ses merveilles et de témoigner de tous ses bienfaits.

Avec tous les confirmands, adultes et jeunes, qui reçoivent le sacrement de la confirmation dans la lumière de la Pentecôte, nous voici appelés à devenir des saints, à trouver notre place dans l’Église et à devenir des témoins
de toutes les merveilles de Dieu dans notre vie et dans notre monde aujourd’hui encore. Puissions-nous tous, communier toujours plus profondément dans le Christ, vivre toujours plus profondément en lui et par là même, communier toujours plus profondément ensemble dans le Corps du Christ que nous formons avec tous nos pasteurs sous la conduite de l’Esprit Saint !

Puisse ce numéro d’Église d’Avignon, être tout à la fois prière et action de grâce pour notre ancien Pasteur que le Seigneur nous avait donné comme signe et moyen de sa présence au milieu de nous aujourd’hui.