Le carême va commencer, comment allons-nous le vivre ?

2 février 2018

Bloc-Notes, février 2018

La première parole prononcée par Jésus dans l’Évangile de saint Marc est sans appel : “Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle  !” Deux impératifs qui sont clairs  ; en premier lieu, Jésus nous invite à vivre une authentique conversion, c’est-à-dire à changer de vie, et ensuite il nous lance un appel à croire dans la bonne nouvelle, mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement pour moi aujourd’hui  ?

Alors commençons sans attendre : nous pouvons rapidement faire l’inventaire de toutes nos addictions  ; ne suis-je pas esclave de l’argent, du sport, de mon désir de puissance, du sexe, du porno, de la télévision, de mon égoïsme, de mon orgueil, de l’alcool, des jeux électroniques, et la liste n’est pas fermée.

En même temps, je le sais : je n’arriverai jamais à m’en sortir tout seul, je suis trop englué dans mon addiction quelle qu’elle soit  ; alors que faire  ? Commençons petitement, chaque jour de carême, c’est-à-dire pendant quarante jours, je prendrai un temps – pas moins qu’un quart d’heure - où au lieu de m’adonner à mon esclavage, je lirai la Parole de Dieu et je demanderai à l’Esprit Saint de venir me libérer de mon addiction, de venir réaliser en moi ce que moi-même je n’arrive pas à faire. Là, vous avez un filon formidable qui consiste à faire appel à l’Esprit Saint et en plus il ne demande que cela. Cependant, attention, il n’agira pas sans votre participation effective  ! Vous faites un petit effort et vous lui faites confiance pour le reste. Le secret de la petite Thérèse était justement de montrer au bon Dieu sa bonne volonté en posant des petits actes et alors, son Père du ciel pris de pitié se précipitait auprès d’elle pour la serrer sur son cœur et lui donner de monter le grand escalier de la sainteté.

Malheureusement, Il y a encore des gens qui pensent que faire carême, consiste à ne pas manger de viande le mercredi des cendres et les vendredis de carême  ; excusez-moi, mais un bon poisson vaut largement un morceau de viande, alors vous repasserez pour un tel carême  ! Certes, il faut le faire, mais le carême qu’attend de nous le Seigneur est autre chose.
Le deuxième impératif demande aussi des explications. “Croire à la bonne nouvelle”, d’une part qu’est-ce que veut dire le verbe “croire”  ? Ensuite, de quelle bonne nouvelle s’agit-il  ?

Saint Jean en écrivant son Évangile savait bien que nous aurions du mal à comprendre ce que veut dire ce verbe que beaucoup de gens emploient à tort et à travers, mais quand ils en cherchent le sens, ils vous répondent dans le meilleur des cas : “Croire, c’est avoir la foi  !” Ils n’ont rien défini  ; alors saint Jean, chaque fois qu’il utilise le verbe croire, met à côté une petite incise pour en préciser le sens. Ainsi, croire, c’est accueillir Jésus, c’est demeurer auprès de lui, c’est écouter sa parole, c’est manger son corps et boire son sang, en un mot “demeurer en lui”. Il s’agit même de l’activité essentielle du disciple de Jésus : partager la vie de Jésus, vivre avec lui, vivre en lui.

Jésus, dans saint Marc, nous invite à croire à la bonne nouvelle, mais j’ai envie de vous demander : Pour vous, Jésus est-il vraiment une bonne nouvelle  ? L’évangile est-il vraiment le trésor pour lequel vous devez tout vendre en vue de l’acquérir  ? Là encore, un seul scénario possible : reconnaître la vérité, Jésus n’a pas vraiment une grande place dans votre vie  ! Comme l’écrivait Marie Noël : “Mon Dieu, tu le sais bien, je ne t’aime pas  !” Je voudrais bien t’aimer, mais bien souvent, dans ma vie tu es aux abonnés absents. Alors, même remède, à savoir : vous asseoir et appeler l’Esprit Saint à l’aide. Vous lui dites : toi qui es amour, viens me remplir de ton amour à toi. Alors malgré ma faiblesse et mon incapacité à aimer Jésus, tu vas me prendre par la main et me donner de découvrir la présence de Jésus dans ma vie quotidienne, tu vas te faire pédagogue pour m’apprendre à vivre avec lui, à vivre de sa vie.

Pendant ce carême, découvrez l’Esprit Saint qui est vivant en vous, toujours prêt à venir au secours de votre faiblesse pour vous donner de grandir sur le chemin de l’amour, sur le chemin de l’intimité avec Jésus. Alors seulement, vous découvrirez la vie de disciple au jour le jour et l’Esprit Saint deviendra votre ami et vous apprendrez à vous laisser habiter et conduire par lui.

 + Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon